03/07/2022

'Long Live Abortion' - Paris, 3 juillet 2022

 

3 juillet 2022  

Paris 15e, Statue de la Liberté

Avec Thanks For Nothing




L'équipe de l'association Thanks for Nothing avec l'artiste américaine Martha Wilson




Je rentre d’une conférence à Bruxelles, sur l’avenir de l’Afrique et notamment le rôle des femmes pour le développement. L’un des sujets abordés : le droit à l’accès à la santé et à l’avortement… Ce dimanche à Paris, j'ai donc poursuivi et prolongé ces discussions, et surtout encouragé l'action de femmes qui réagissent.

L'association 'Thanks for Nothing' a réuni artistes et auteurs autour de “Long Live the Abortion”, un projet participatif et photographique adapté du concept « Inside/Out » de l’artiste JR, et pensé en collaboration avec lui spécialement pour cette mobilisation.




Au micro, lectures et performances des auteurs/autrices Hélène Strag et Léa Chauvel-Levy,  quelques mots d'un texte féministe, lus par l’artiste américaine Martha Wilson, une performance autour du poème 'Still I Rise' de Maya Angelou, des interventions d'artistes et journalistes, hommes et femmes.





La décision de la Cour suprême américaine risque désormais d’affecter le monde entier. Du Salvador au Kenya, en passant par la Pologne et Malte…




En mai dernier, la directrice régionale principale pour l'Afrique au Center for Reproductive Rights (CRR), Evelyne Opondo, déclarait : 

"Mon message aux juges de la Cour suprême des États-Unis est le suivant : ils ne mettront jamais fin à l'avortement. Les femmes ont avorté et avorteront toujours, quelle que soit la loi. Tout ce que l'annulation de la loi fera, c'est mettre fin aux avortements sans danger".

Ce qui compte donc est que les femmes qui en ont besoin puissent accéder à l'avortement en sécurité et sans menace pour leur santé.

Dans le monde, l'avortement est entièrement intégralement prohibé dans 26 pays, dont le Salvador, le Honduras, l'Égypte, Madagascar, la Sierra Leone, les Philippines, la Jamaïque et plus près de chez nous dans l'UE : à Malte.

Mais ce droit fondamental est également très restreint dans de nombreux pays, dont le Japon et la Pologne, où des millions de femmes ukrainiennes viennent de trouver refuge, nombre d’entre elles victimes de viols.

Et cette situation pourrait s’empirer. 




Sur tous les continents, les gouvernements conservateurs se sentent à présent encouragés par la situation américaines. En premier lieu au Brésil, le plus grand pays d’Amérique latine.  

Plus près de nous, la réalité du manque d'accès à l'avortement et aux pilules abortives frappe encore en Irlande et Irlande du Nord

En 2016, après le référendum sur le Brexit, personnellement, je me suis rendue à Belfast, d’abord pour un reportage sur les conséquences d’un potentielle frontière terrestre avec la République d’Irlande, mais très vite pour traiter des droits sociaux laissés à l’abandon par près d’un siècle de “troubles” politiques. La restriction du droit à l’avortement y généré des situations tragiques pour les femmes, notamment les jeunes filles.

En Irlande du Nord, ce droit n’a été autorisé qu’en 2019, après des décennies de lutte. Un an après l’Irlande, en 2018… Mais l’accès aux soins et à l’avortement sont toujours largement insuffisants, et les associations d’aide sous-financées. 





La décision américaine pourrait également affecter le Kenya, où j'ai vécu et travaillé pendant près de deux ans.

Le vendredi 25 mars dernier, la Haute Cour de Malindi, au Kenya, a déclaré illégales les arrestations et les poursuites liées aux avortements clandestins. 

Chargé de se prononcer sur le cas d’une adolescente de 16 ans accusée d’avoir avorté illégalement, le juge Reuben Nyakundi a estimé que "le droit de mettre fin à une grossesse est un droit fondamental, et la décision d’arrêter ou non une grossesse relève de la liberté individuelle fondamentale d’une femme".

D’après la Constitution, l’avortement est illégal au Kenya à moins qu’ "un professionnel de santé formé estime qu’il existe un besoin de traitement urgent ou que la vie ou la santé de la mère est en danger". 

Cette décision de la Haute Cour a donc consacré le droit à l’avortement au nom du droit fondamental à la vie privée et demandé au Parlement d’adopter une nouvelle loi en accord avec ce principe.

Mais au quotidien, l’accès à l’avortement reste extrêmement limité pour les femmes kenyanes. Et les militants anti-avortement se sentent renforcés par la décision américaines.





Dès les années 1920, les militants américaines avaient l'habitude de scander : 

"No woman can call herself free who does not control her own body ; No woman can call herself free until she can choose consciously whether she will or will not be a mother." 

Aucune femme n'est libre tant qu'elle ne contrôle par son corps ou si elle ne peut décider de devenir mère ou non. 


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Merci à Thanks for Nothing et leur partenaires pour leur belle initiative qui reflète l'engagement des acteurs et actrices de la culture en faveur du respect des droits des femmes.




 

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