Mon interview avec Zitouni Ould-Dada, directeur adjoint du Bureau du changement climatique, la biodiversité et l'environnement de la FAO. Il revient sur la COP27 de Charm-el-Cheikh et sur ses attentes vis-à-vis de la COP15 qui s'ouvre à Montréal sur la #biodiversité.
Sur les ondes de la radio DW:
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INTERVIEWS EXCLUSIVES
"J'espère qu'on aura un accord à la COP15 de Montréal, on en a besoin" (Zitouni Ould-Dada, FAO)
Bilan de la COP27 en Egypte et interrogations quant aux suites possibles alors que la COP15 sur la biodiversité vient de s’ouvrir à Montréal.
Zitouni Ould-Dada, représentant de la FAO - l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture de l'Onu - est Directeur adjoint au Bureau du changement climatique, de la biodiversité et de l'environnement.
Il pense que malgré les critiques, la COP27 a été un succès pour l'Afrique, surtout concernant l'accord sur les Pertes et Dommages. Et il veut se montrer optimiste quant aux sommets à venir. Il s’en exlpique au micro de Mélissa Chemam.
Ecoutez l'interview avec Zitouni Ould-Dada
DW : Zitouni Ould-Dada, vous êtes le directeur adjoint du Bureau du changement climatique, la biodiversité et l'environnement à la FAO, l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture des Nations Unies. Vous avez participé aux débats de la fameuse COP27 à Charm el-Cheikh, en Egypte. Qu'est-ce que l'on doit en retenir ?
Zitouni Ould-Dada : La COP [en Egypte] s'est passée dans une période où il y avait beaucoup d'incertitudes. On vit toujours dans cette incertitude du suivi du Covid-19, de la crise des changements climatiques, de la crise de la perte de la biodiversité et aussi de la crise de la guerre en Ukraine. Donc il y avait beaucoup d'attentes sur la question des pertes et dommages : comment avoir un fonds qui pourrait aider les pays vulnérables à faire face aux pertes et dommages qui continuent à cause du changement climatique?
D'une part, on a eu un résultat positif parce qu'on a agréé à ce fonds sur les pertes et dommages, donc c'était vraiment encourageant.
D'autre part, malheureusement, on n'a pas pu vraiment augmenter l'ambition en ce qui concerne la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Et là c'est un problème qui reste parce qu’au lieu de réduire les émissions d'un taux de 45 % d'ici 2030, on va vers le sens inverse, malheureusement, on va augmenter les émissions d'à peu près 10 à 14 %.
Donc l'accord était important dans le climat actuel. Tout progrès est important mais il reste beaucoup de choses à faire.
DW: Alors, il existe aussi un lien évident entre ces questions globales du changement climatique et les questions plus précises concernant l'agriculture. Il y a évidemment des questions qui s'imposent aux pays africains. Vous pensez notamment que ces questions ont été suffisamment abordées et seront-elles peut être plus abordées dans les prochains sommets?
Zitouni Ould-Dada : Oui, absolument. Cette COP, nous en étions vraiment très contents parce que pour la première fois, on a vraiment donné beaucoup d’importance à l’agriculture et l’alimentation.
Il y a eu des initiatives que nous avons lancées, que la FAO a lancées avec la présidence égyptienne sur l'alimentation, sur l'eau, sur la nutrition et sur les déchets.
Donc cette COP vraiment est une COP des questions de l'alimentation et de l’agriculture qui est très vulnérable aux changements climatiques. On a vu une succession d'inondations, de sécheresses et toutes ces événements extrêmes touchent l’agriculture et touchent la production alimentaire et la sécurité alimentaire.
DW: Est-ce que l'agriculture est un bon élève en matière de bilan carbone?
Zitouni Ould-Dada : L’agriculture n'est pas vraiment bon élève parce que le secteur est responsable d'un grand pourcentage des émissions de gaz à effet de serre. Si on prend le tout le système agroalimentaire, il est responsable de presque un tiers des émissions globales.
Mais l’agriculture est vraiment une bonne partie de la solution à la crise alimentaire parce qu’elle a beaucoup de potentiel pour réduire les émissions, mais aussi pour développer une adaptation et une résilience en ce qui concerne la crise des changements climatiques.
DW: Alors évidemment, la situation est d'autant plus sévère en Afrique subsaharienne. Mais est ce qu'on peut constater que certaines pratiques pourraient être moins polluantes et peut être même servir d'exemple?
Zitouni Ould-Dada : Oui, absolument. Il faut penser à beaucoup de pratiques qui sont efficaces en ce qui concerne l’utilisation de l'eau, l’utilisation des engrais, l’utilisation de la terre, c'est à dire du sol et des pratiques qui respectent l’environnement d’une manière générale, parce qu’on a non seulement le problème du changement climatique, mais aussi la baisse de la biodiversité malheureusement, et la dégradation des sols et des écosystèmes.
DW : Justement, vous mentionnez la biodiversité ce sujet, alors que la COP 27 est terminée, sera au cœur de la prochaine grande conférence internationale à Montréal qui commence ce 7 décembre. Est-ce que la biodiversité n'est pas un peu oubliée des grands débats sur le changement climatique et quelles seraient les priorités à remettre en avant?
Zitouni Ould-Dada : Non, la biodiversité n’est pas oubliée, mais c’est vrai qu elle n’a pas la même attention que le changement climatique.
La COP15 sur la biodiversité, c’est bien qu'elle arrive juste après la COP27 sur le changement climatique. On a besoin de plus d'attention, d'action et aussi d'un accord en ce qui concerne la lutte contre la perte de biodiversité. Et ce qu'on cherche à cette COP15, c'est quelque chose de similaire à l’accord de Paris qu’on a eu en la COP21. Un accord qui a vraiment donné un objectif pour la lutte sur le changement climatique. J'espère qu'on aura un accord au Canada en ce qui concerne la COP15. Parce qu'on en a besoin.
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