06/05/2020

Nouveau reportage : Solidarité en Angleterre


Mon récent reportage pour la radio allemande DW en cette première semaine de mai :

pour écouter





VU D'ALLEMAGNE

L'Allemagne et le 8 mai 1945 // Solidarité envers les sans-abris en Angleterre

Le 8 mai 1945, la capitulation de l'Allemagne nazie mettait fin à la Seconde Guerre mondiale, une période qui a marqué comme aucune autre la mémoire européenne et allemande. // En Angleterre, pays durement touché par la pandémie de Covid-19, la solidarité s'organise autour des sans-abris.


Solidarité avec les sans-abris en Angleterre 
Face à un système public défaillant, la solidarité est assurée par des citoyens et associations
Face à un système public défaillant, la solidarité est assurée par des citoyens et associations
On verra ce que l'Histoire retiendra de cette drôle de période que le monde vit actuellement… Face au Covid-19, chaque pays essaie de trouver ses solutions. Certains comme le Royaume-Uni ont tenté dans un premier temps de laisser le virus se répandre pour atteindre une immunité collective.
Une stratégie qui a été abandonnée lorsque les chiffres ont commencé à prendre des proportions inquiétantes. La stratégie britannique a d'ailleurs laissé les voisins européens mais surtout ses citoyens perplexes. Après avoir renoncé à laisser agir l’immunité, le Premier ministre a lui-même été hospitalisé en soins intensifs.
Parallèlement, pour palier l’absence de nombreux services publics dans un pays qui a connu des années de restrictions des dépenses publiques, ce sont les citoyens et associations caritatives qui mettent en place des mesures de soutien et de solidarité.
Reportage de Melissa Chemam en Angleterre. 

Ont contribué à cette émission: Ralf Bosen, Melissa Chemam et Anne Le Touzé

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Depuis l’expansion mondiale de la pandémie SARS-CoV-2, la stratégie du Royaume-Uni a laissé nombre de ses voisins européens et de ses citoyens perplexes… Mais après avoir renoncer à laisser agir l’immunité, le Premier ministre a lui-même été hospitalisé en soins intensifs. Parallèlement, pour palier à l’absence nombreux services publics dans un pays qui a connu des années de restrictions des dépenses publiques, ce sont donc les citoyens et associations caritatives qui mettent en place des mesures de soutien et de solidarité. Reportage – socialement distant – de Melissa Chemam en Angleterre. 

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Des applaudissements pour les soignants… 
En lieu et place de budget d’urgence pour les services publics.
Voilà l’une des illustrations de la frustration qui gronde au Royaume-Uni.

Les citoyens britanniques sont encouragés à rester chez eux depuis fin mars, mais peuvent sortir se promener sans autorisation. Les parcs sont également restés ouverts. Et les cafés et restaurants été fermés plus tard qu’en Europe continentale… 
Mais ce laisser-faire, s’il rend le confinement moins difficile, a aussi laissé les plus vulnérables à l’abandon. Les maisons de repos souffrent de manque de main d’œuvre, tout comme les hôpitaux publics.

Un autre exemple : la plupart de sans-domicile se sont trouvés sans ressources et sans possibilité de s’isoler dans un intérieur. 

Pour remédier à cette crise humanitaire, ce sont des associations qui s’organisent, comme Caring in Bristol, dans l’ouest de l’Angleterre. Ben Richardson en est le directeur.

Ben Richardson, directeur de Caring in Bristol : « Ce qui s’est passé dans plusieurs villes est que les personnes sans domicile ont été retiré des rues ou des auberges où elles ne peuvent pas s’isoler pour être placer dans des hôtels. Cela s’est fait très vite et nous avons dû adapter nos services, pour répondre à leurs besoins, et le premier est qu’elles ont faim. La plupart des services de distribution de nourriture dont bénéficiaient les personnes vulnérables ont cessé abruptement, pour plusieurs raisons. Donc mon association de relogement s’est adaptée pour fournir un soutien vital en terme de nourriture, et produire environ 6500 repas par semaines qu’une véritable armée de bénévoles distribue. Des chefs de restaurants nous ont rejoints. Nombre d’entre eux n’ont plus de travail en ce moment donc nous les avons recrutés pour cette opération. Nous avons pu 2 à 3 cuisines en moins d’une semaines, grâce aux personnels de ces restaurants qui ne peuvent plus travailler, pour mettre en place cette opération. Maintenant ce dont nous avons besoin c’est d’un soutien financier. De toute évidence, ce projet coûte beaucoup d’argent à l’association et nous n’avions pas prévu un budget pour cela. Mais c’est important de parler de la valeur de ce travail et que des gens soient en mesure de nous soutenir d’une manière ou d’une autre. » 

Le plus exigeant pour l’association est d’organiser ces distributions de nourriture quotidiennes. On croise souvent leurs camions, comme celui de Josh Eggleton, chef connu et à la tête de pas moins de 6 restaurants dans la région. 

Josh Eggleton : « Je me suis retrouvé rapidement à travailler à temps plein avec Caring in Bristol, pour lancer l’initiative CHEERS DRIVE : il s’agit de distribuer trois repas par jour aux personnes vulnérables relogées. Nous avons mis en place trois cuisines, et pour cela un partenariat très organisé, avec Dom du restaurant Pasta Loco, moi-même et mon équipe, tous des volontaires, et l’équipe du café Emmeline. On travaille tous les jours, produisant environ 1000 repas par jour, et c’est fantastique. Personnellement, j’éprouve un très grand plaisir à nourrir les gens et c’est super de pouvoir se lever le matin, contribuer dans cette période de crise, et continuer à nourrir les gens. C’est vraiment thérapeutique aussi, et bon pour rester mentalement fort. » 

Pour Ania Morris, fondatrice de la Food Union, il est important de ne pas seulement compter sur des dons et de rendre cette activité viable à moyen terme. 

Aisne Morris, Food Union : « Il est aussi important de dire que notre union est autant basée sur la collaboration et la solidarité que sur le caritatif et la charité. Beaucoup d’initiatives font actuellement appel à des dons, mais nous trouvons des fonds auprès d’entreprises aussi, en plus du public, et nous payons aux restaurants impliqués 4 livres par repas produits. Ils sont ensuite distribués aux employés de la santé en première ligne, aux travailleurs sociaux et aux communautés les plus vulnérables. Le concept est de créer aussi un flux de revenus pour les restaurants, qu’ils utilisent pour acheter les produits alimentaires aux fournisseurs. Donc oui, nous nourrissons les personnes vulnérables et sans abris, mais nous essayons aussi de générer des sources de revenus pour toutes la chaîne de production alimentaire. » 

A Londres comme à Hasting ou encore Liverpool, ces associations cuisinent aussi pour les employés médicaux, pendant que des citoyens lambda fabriquent des masques artisanaux ou organisent les courses pour des malades. 

Des pétitions ont tout de même émergé pour exiger la production nationale de masques pour les soignants ainsi que des augmentations de salaires pour les infirmiers et des visas pour le personnel médical étranger de la NHS, qui dépend en grande partie de médecins européens, asiatiques et africains. Dans la 5e économie mondiale, c’est un paradoxe dont souffre cruellement des millions de victimes et héros du Covid19.

Melissa Chemam en Angleterre pour la DW. 


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