04/06/2020

Writing about Black Lives Matter...


Hello people,

with the current events, my mind is in a constant overthinking mode, frustrated at the many, many projects I tried to produce around police brutality, racism and how to fight it, what it is to participate in race protest, and how to explain more in depth "race relations", beyond the polarised "black" versus "white" narrative. Ie. including other "coloured people"...

All of these projects, for books, documentary films, radio series, articles were rejected or didn't get their fundings, all since 2015.

Here is an example in French of my plans for a book. English translation below is a draft, be kind...

It is not too late to help me! I've gathered a large amount of research and even more knowledge, over 15 years of journalism in North America, Europe, Africa and the Middle East, and as an Algerian-French woman in the media/film industry/publishing world myself.

Being silenced is unbearable. Trust me, I've been on this and other issues for 15 years, since my first years at news channels like i-télé and France 24.

But is giving up the solution? I don't think so.

Happy to team up if someone sees the light for this.

Thanks for your attention!

melissa




Paris, 8 septembre 2017


Projet de livre 


Titre provisoire – Des émeutes des années 1980 à Black Lives Matterréinvention de la protestation populaire?




Note d’intention 


Depuis 2005, les débuts de mon travail de journaliste et les émeutes françaises de l’automne à Clichy-sous-Bois, je poursuis une réflexion sur le phénomène social et politique des émeutes et révoltes de cette nouvelle génération, au 21ème siècle. 

Je m’intéresse particulièrement au sort des émeutiers après leur soulèvement, et à la différence entre ces mouvements par rapport aux émeutes et marches des années 1960, 70, 80 et 90 (quelques exemples : le « civil rights movement » aux Etats-Unis, bien évidemment, 1968 en France, les manifestations contre la Guerre du Vietnam, les protestations de 1980 et 86 à Bristol, 1981 à Brixton à Londres, la Marche pour l'égalité et contre le racisme en France en 1983, la révolte de 1985 à Handsworth, près de Londres, les émeutes de Los Angeles en 1992, etc). 

Près de 12 ans après les émeutes de Clichy-sous-Bois, en France, dix ans après celles de Villiers-le-Bel, et après la recrudescence de violences policières contre les jeunes de milieux défavorisés, autant aux Etats-Unis qu’en Grande-Bretagne et en France, je suis persuadée qu’il est nécessaire de s’interroger largement et profondément sur le phénomène, dans un contexte qui comprend une analyse postcoloniale.

Car depuis les années 2000/10, les mouvements de protestation se sont transformés et ont commencé à donner naissance à des formes de contestations plus organisées et plus profondes, dont les plus importantes sont liées au mouvement Black Lives Matter, né aux Etats-Unis, en 2012, et étendu en Grande-Bretagne puis plus récemment en France. 

Aux Etats-Unis, le mouvement a explosé avec la mort de l’adolescent afro-américain Trayvon Martin en Floride en 2012. Après cinq ans de manifestations et de combats sociaux aux Etats-Unis, le phénomène a atteint l’Europe.

Parallèlement, en Grande-Bretagne, la mort de Mark Dugan en 2011 a déclenché des émeutes ; celle de Sarah Reed, mère célibataire en souffrance mentale agressée par un policier lors d’un séjour en prison, en 2016, reste impunie. Comme celle d’Adama Traoré en France, qui a déclenché en juillet 2016 un mouvement similaire de rébellion. Depuis, les cas inquiétants se sont multipliés, comme l’agression de Théo L. à Aulnay-sous-Bois.

Des contestations anticapitalistes se sont également déroulées en France, notamment Nuit Debout, sans parvenir à un résultat concret, suivies par le mouvement des Insoumis. Mais le score du Front national a dépassé les records lors des élections de 2017. Et aux Etats-Unis comme au Royaume-Uni, l’élection de Donald Trump et le référendum pour le retrait de l’Union européenne ont ouvert la voie à de nombreux discours nationalistes et xénophobes.

Au delà des protestations, des voix « noires » de tous horizons, anonymes ou célèbres, des familles de Ferguson à la chanteuse Beyonce en passant par celles de grands écrivains (Toni Morrison, Ta-Nehisi Coastes, Teju Cole) et cinéastes (Barry Jenkins, Katherine Bigelow, les britanniques John Akomfrah et Steve McQueen, entre autres) etc), se sont unies pour dénoncer les violences raciales, jugées intolérables en 2015, 16, et encore plus en 2017, après le drame de Charlottesville… Pour la première fois aussi fortement depuis les années 1960. Elles ne dénoncent pas seulement des crimes racistes et des violences policières mais des injustices profondes qui brisent les sociétés des grands pays occidentaux. Et elles semblent contribuer à la naissance d’un mouvement complexe de réflexion et d’action.


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Ce livre se veut d’abord une enquête de terrain, au fil de reportages, pour redonner la parole à tous ses acteurs qui se battent pour une société plus juste, ainsi qu’une tentative d’analyse. 

Il sera l’occasion de donner la parole à ces militants, contre le racisme et contre les inégalités, militants qui veulent ancrer pour de bon la lutte dans leur société et changer celle-ci. 

Des voix : D’Assa Traoré, à la famille de Zyed et Bouna tués à Clichy en 2005, en passant par celle de Sarah Reed et de Fergusson aux Etats-Unis. De Tottenham en banlieue de Londres à Aulnay et Clichy-sous-Bois, en passant par Fergusson, Missouri, et Orlando en Floride. Mais au-delà, quels sont leurs liens avec les associations ? Les partis politiques ? Aspirent-ils à un changement plus profond ?

Le livre retracera aussi l’histoire de ces mouvements récents – qui tentent de dépasser les violences et des émeutes raciales et antiracistes (du type de celles de 1980, 83, 85, 92 ou encore de 2005 près de Paris et de 2011 à Londres), pour faire évoluer nos sociétés occidentales, dans un contexte de tensions croissantes et de populisme décomplexé.

L’auteur donnera la parole aux habitants des quartiers concernés, à la police, mais aussi à des intellectuels et artistes qui s’engagent à leur côté : le réalisateur haïtien Raoul Peck basé à Paris, auteur d’un documentaire sur James Baldwin sorti aux Etats-Unis le 3 février 2017 (I Am Not Your Negro) ; l’artiste et cinéaste John Akomfrah, fondateur de Black Audio Films en Grande-Bretagne et réalisateur de Handsworth Songs ; les poètes et rappeurs de la scène de Londres Kate Tempest, James Massiah, Skepta,  la rappeuse et militante M.I.A, qui réclame un mouvement « de toutes les couleurs de peau » ; les peintres britanniques d’origines africaines Lubaina Himid et Chris Ofili ; le musicien nigérian Keziah Jones, qui a vécu à Londres et à Paris avant de rentrer à Lagos; l’historien Pap Ndiaye en France, etc.  

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Je me propose d’effectuer ce travail documentaire en menant une réflexion entre plusieurs cas, dans plusieurs villes, et en comparant les situations récentes de trois pays où j’ai vécu : Etats-Unis, Royaume-Uni, France. 

Ayant connu des phénomènes de soulèvements régulièrement depuis des siècles, dans des contextes politiques et sociaux très différents, ils ont en commun de vivre les plus importantes tentatives de contestation du modèle social dominant depuis la fin de l’ère coloniale.

Je pense que la comparaison des trois pays peut permettre d’enrichir et d’élever ma réflexion, tout en neutralisant les facteurs les plus subjectifs, qui ont largement monopolisé les médias lors des faits.

Ce texte reflètera, je l’espère, une réflexion sur le pouvoir du soulèvement politique depuis 30 ans en Occident et sur sa métamorphose récente.

La grande question centrale de cet essai étant : les années 2000 / 2010 vont-elles effectivement permettre de passer de soulèvements qualifiés d’ « émeutes », entrepris par des populations qualifiés de « minoritaire », à un vrai changement de paradigme où descendants d’esclaves, enfants de migrants des anciennes colonies et pauvres ou déclassés s’allient pour faire reconnaître leur statut de majoritaire et contester leur exclusion ?

Réflexion sur les conséquences des émeutes, également, je souhaite rencontrer d’anciens émeutiers pour les amener à s’interroger a posteriori sur leurs actions et leur sens civique, social et politique.

Je souhaite m’intéresse aux cas des émeutes / des « riots » suivantes et retrouver leurs participants :
-       les émeutes de Bristol de 1980, 1986, 1992 et 2011 ;
-       celles de Clichy-sous-Bois en 2005 ; 
-       celles de Villiers-le-Bel en 2007 ;
-       celles de Londres en 1981 puis 85 et 2011, notamment à Tottenham et Brixton ;
-       aux manifestations à Barbès à Paris et à Sarcelles, de l’été 2014, en soutien à Gaza ;
-       les manifestations en soutien à la famille Traoré depuis 2016 et à Théo en 2017.

Ce travail documentaire comprendra également des éléments de recherches d’archives sur les émeutes. 

Jugées trop violences et comparés à des pillages, les émeutes françaises et britanniques, depuis 1980, ont été analysées comme un danger pour la nation et non pas entendues comme un cri de contestation. Celles de 2011 en Grande-Bretagne ont été particulièrement décriées pour la somme de pillage et de destruction. Mais cela annule-t-il entièrement le message politique des émeutiers ?


L’enjeu est de réfléchir sur trois points importants :

- la nature de la contestation par le soulèvement a-t-elle vraiment changé depuis Black Lives Matter? Avait-elle déjà changé avant, dans les années 1980 ? Les années 2000 ? 

- les émeutiers croient-ils encore eux-mêmes aux raisons profondes de leurs propres soulèvements ? Et, pour eux, la stigmatisation induite après les émeutes les plus récentes n’est-elle pas un prix trop élever à payer ? 

- S’agit-il d’un mouvement organisé ? Est-il « politisable » ? Peut-il inclure un grand pan de la société avide de changement ? Ces émeutiers ne se soulèvent-ils que pour détruire et non pour contester comme les autorités britanniques et françaises l’ont analysé publiquement ?

En parallèle, j’ai le projet de réaliser un film, sur un quartier de Clichy-sous-Bois. 

J’espère sincèrement que ce sujet retiendra votre attention et vous remercie par avance de l’attention portée à ce dossier.



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Quelques liens vers mes reportages autour du sujet de la « banlieue », sa perception, et de l’analyse du rôle des émeutes et manifestations du même genre :


Mon article sur l’exposition « Color Lines » :

Et mon documentaire réalisé en banlieue parisienne mentionné plus haut :


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English version



From the 1980s "riots" to "Black Lives Matter", reinvention of popular protests?


Intention:


Since 2005, the beginning of my work as a journalist and the French riots in Clichy-sous-Bois, I have been reflecting on the social and political phenomenon of "riots", protests and revolts of this generation, in the 21st century.

I am particularly interested in the fate of so-called "rioters" after their uprising, and in the difference between these movements compared to the riots and marches of the 1960s, 70s, 80s and 90s (some examples: the "civil rights movement" in the United States, of course, 1968 in France, the demonstrations against the Vietnam War, the protests of 1980 and 86 in Bristol, 1981 in Brixton in London, the March for equality and against racism in France in 1983, the revolt from 1985 to Handsworth, near London, the riots in Los Angeles in 1992, etc.).

Almost 12 years (in 2017, 15 years now) after the riots in Clichy-sous-Bois, France, ten years after those in Villiers-le-Bel, and after the upsurge in police violence against young people from disadvantaged backgrounds, in the United States, Great Britain and France, I am convinced that it is necessary to question ourselves widely and deeply on the phenomenon, in a context which includes a postcolonial analysis.

Because since the years 2000/10, protest movements have been transformed and have started to give birth to deeper, more organised forms of protest, the most important of which are linked to the "Black Lives Matter" movement, born in the United States, in 2012, and extended to Great Britain and more recently to France.

In the United States, the movement exploded with the death of the African-American adolescent Trayvon Martin in Florida in 2012. After five years of demonstrations and social fights in the United States, the phenomenon reached Europe.

In Great Britain, the death of Mark Dugan in 2011 sparked riots; that of Sarah Reed, a mentally ill single mother assaulted by a police officer while in prison in 2016, remains unpunished. Like that of Adama Traoré in France, which sparked a similar rebellion movement in July 2016. Since then, worrying cases have multiplied, such as the assault of Théo L. in Aulnay-sous-Bois.

Anti-capitalist protests have also taken place in France, notably Nuit Debout, without reaching a concrete result, followed by the movement of the "Insubmissives", les "insoumis". But the National Front's score surpassed records in the 2017 elections. And in the United States as in the United Kingdom, the election of Donald Trump and the referendum for the withdrawal of the European Union paved the way for many nationalist and xenophobic discourses.

Beyond the protests, “black” voices from all horizons, anonymous or famous, from the families of Ferguson to the singer Beyonce, including those of great writers (Toni Morrison, Ta-Nehisi Coastes, Teju Cole) and filmmakers (Barry Jenkins , Raoul Peck, Katherine Bigelow, Britons John Akomfrah and Steve McQueen, among others) etc), united to denounce racial violence, deemed intolerable in 2015, 2016, and even more in 2017, after the tragedy of Charlottesville… For the first time as strongly since the 1960s. They not only denounce racist crimes and police violence but deep injustices which shatter the societies of the big western countries. And they seem to be contributing to the birth of a complex movement of reflection and action.

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This book is first of all a field investigation, through reports, to give a voice to all its actors who are fighting for a fairer society, as well as an attempt at analysis.

It will be an opportunity to give a voice to these activists, against racism and against inequalities, activists who want to anchor the struggle in their society for good and change it.

Voices: From Assa Traoré, to the family of Zyed and Bouna killed in Clichy in 2005, passing by that of Sarah Reed and Fergusson in the United States. From Tottenham in the suburbs of London to Aulnay and Clichy-sous-Bois, via Fergusson, Missouri, and Orlando in Florida. But beyond that, what are their links with associations? Political parties ? Do they yearn for deeper change?

The book will also retrace the history of these recent movements - which try to overcome violence and racial and anti-racist riots (of the type of those of 1980, 83, 85, 92 or even 2005 near Paris and 2011 in London) , to develop our western societies, in a context of growing tensions and uninhibited populism.

I will give space to the police, to the inhabitants of the concerned districts, to intellectuals and artists who work alongside them: the Haitian director Raoul Peck based in Paris, author of a documentary on James Baldwin released in United States on February 3, 2017 (I Am Not Your Negro); artist and filmmaker John Akomfrah, founder of Black Audio Films in Great Britain and director of Handsworth Songs; poets and rappers from the London scene Kate Tempest, James Massiah, Skepta, rapper and activist M.I.A, who calls for a movement "of all skin colors"; British African painters Lubaina Himid and Chris Ofili; Nigerian musician Keziah Jones, who lived in London and Paris before returning to Lagos; the historian Pap Ndiaye in France, etc.

I propose to do this documentary work by reflecting on several cases, in several cities, and by comparing recent situations in three countries where I have lived: United States, United Kingdom, France.

Having experienced uprisings regularly for centuries, in very different political and social contexts, they have in common the most important attempts to challenge the dominant social model since the end of the colonial era.

I think that a comparison of the three countries can enrich and elevate my thinking, while neutralizing the most subjective factors, which largely monopolized the media at the time.

This text will, I hope, help generate a reflection on the power of the political uprising in the West for 30 years and on its recent metamorphosis.

The main central question of this essay being: will the years 2000/2010 actually allow us to move from uprisings qualified as "riots", undertaken by populations qualified as "minority", to a real paradigm shift where descendants of slaves, children of migrants from former colonies and poor or downgraded join forces to have their majority status recognised and to challenge their exclusion?

Reflection on the consequences of the uprising too, I would like to meet with former "rioters" to get them to question a posteriori about their actions and their civic, social and political sense.

I wish to dig into the cases of the following protests / "riots" and to find their participants:
- the Bristol riots of 1980, 1986, 1992 and 2011;
- those of Clichy-sous-Bois in 2005;
- those of Villiers-le-Bel in 2007;
- those of London in 1981 then 85 and 2011, notably in Tottenham and Brixton;
- the demonstrations in Barbès in Paris and in Sarcelles, in the summer of 2014, in support of Gaza;
- events in support of the Traoré family since 2016 and Theo in 2017.

This book work will also include elements of archival material on the riots.

Deemed to be too violent and compared to looting, the French and British riots, since 1980, have been analyzed as a danger to the nation and not heard as a cry of protest. Those of 2011 in Great Britain were particularly criticized for the amount of looting and destruction. But does that entirely cancel the political message of the rioters?


The challenge is to reflect on three important points:

- Has the nature of the uprising really changed since Black Lives Matter? Had it changed before, in the 1980s? The 2000s ?

- do protesters still believe themselves in the underlying reasons for their own uprisings? And for them, isn't the stigma induced after the most recent riots too high a price to pay?

- Is it an organised movement? Is it "politicisable"? Can it include a large section of society eager for change? Do these rioters rise only to destroy and not to challenge as the British and French authorities have publicly analyzed?

In parallel, I have had the project to make a film, in a district of Clichy-sous-Bois for a while...

I sincerely hope that this subject will grab your attention and thank you in advance for the attention paid to this issue.



1 comment:

  1. its really possible, thanks for sharing nice information, love from India.

    Alexa echo dot

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