23/12/2013

RCA : La Fondation Hirondelle lance un cri d’alarme sur l’indispensable information



La Fondation Hirondelle lance un cri d’alarme sur l’indispensable information des populations en Centrafrique.
Paradoxe : alors que le monde commence à savoir ce qui se passe en Centrafrique, beaucoup de Centrafricains l’ignorent. Si la République Centrafricaine fait depuis le 5 décembre les grands titres des medias internationaux, en dehors deBangui,les Centrafricains de l’intérieur du pays, premières victimes mais aussi acteurs des violences interreligieuses, manquent d’une information crédible,pourtant si indispensable dans cette période mouvante et incertaine.Radio Ndeke Luka,Radio centrafricaine, se bat courageusement pour produire et diffuser cette information. Elle a besoin de vous.
Certes les Banguissois  peuvent écouter RFI qui rend compte de la situation sécuritaire, militaire et humanitaire, mais ces informations sont inclusesdans un programme dédié à l’ensemble des auditeurs africains. Seule Radio NdekeLuka propose aujourd’hui et ce, tout au long de la journée, des informations concrètes, pratiques et fiables en français et en sango à l’attention des populations de la capitale, de Bouar et, depuis le 19 décembre, de la région de Bambari. Elle réussit aussi à diffuser sur ondes courtes deux heures par jours sans bien savoir si les auditeurs de l’intérieur du pays peuvent recevoir ses programmes. Toutes les radios communautaires ont été pillées lors de la rébellion de mars 2013 et sont muettes depuis lors.
Or, au plus fort de la crise du début du mois de décembre, Radio NdekeLuka n’a pu émettre pendant trois jours, laissant ses auditeurs mais aussi ses journalistes, désemparés.
Radio NdekeLuka est la radio de référence en Centrafrique. 80% des citoyens de Bangui l’écoutent tous les jours. Ce statut lui a valu au cours des dix dernières années d’être la cible de tous les pouvoirs. Ces derniers mois elle a été victime de vols mais surtout d’intimidations et de menaces directes sur ses journalistes. Plusieurs d’entre eux se sont retrouvés à genoux, le canon d’une arme à feu pointée sur la base du crâne. Malgré ces menaces, le couvre-feu et la crainte des exactions, l’équipe de Radio NdekeLuka a repris le travail, la peur au ventre mais  avec un courage et un professionnalisme exemplaire. Tous les jours les journalistes informent, en direct des différents quartiers de Bangui, la population sur l’évolution de la situation. Les citoyens de toutes sensibilités politiques ou religieuses peuvent désormais (re)prendre la parole et… « s’entendre ». Des débats qui rassemblent des représentants de la société civile et des ONGs sont aussi organisés et diffusés quotidiennement. L’antenne est ouverte aux messages de réconciliation et de salutationsaux familles.
Ce travail, si essentiel au dialogue entre les communautés et entre tous les Centrafricains, va pouvoir se faire aussi à Bambari depuis qu’une équipe de la radio, bravant l’incertitude du voyage, a réussi à remettre en fonctionnement l’émetteur de la préfecture de la Ouaka qui avait été endommagé au mois de mars 2013 par les rebelles.
Mais la grande majorité des Centrafricains n’a aucun moyen d’être informée de la situation de lepays. L’absence de medias dans la plupart des régions laisse la rumeur et la propagande faire leur sinistre besogne. Elles alimentent et exacerbent les haines intercommunautaires.
La Fondation Hirondelle,  éditeur de Radio NdekeLuka, lance un cri d’alarme aux medias internationaux qui couvrent les événements tragiques que vit la République Centrafricaine, et à la communauté internationale.
La RCA est un pays à terre. Ses habitants, victimes des pillages successifs, n’ont plus que leur vie à préserver. L’engrenage de la vengeance individuelle et communautaire est en marche. Des pauvres s’approprient les maigres biens d’autres pauvres. La violence s’alimente des rumeurs. Les journalistes ont peur ! Ils ont besoin qu’on fasse état de leur travail et des conditions dans lesquelles ils l’effectuent. En parler dans la presse étrangère peut être protecteur et salvateur.
Obtenir les moyens de couvrir la totalité du territoire est également crucial. Les Centrafricains ont le droit de savoir ce qui se passe dans leur propre pays. Il est indispensable qu’ils puissent, sur la base d’informations vérifiées et crédibles, se parler, dialoguer et envisager les voies à emprunter pour revivre ensemble.
Radio NdekeLuka et ses radios locales partenaires, malgré un incontestable succès d’audience, se bat chaque année pour subsister. Preuve, par l’absurde, que les intérêts des puissances économiques sont actuellement bien faibles en Centrafrique.
Oui ! L’information des populations de l’intérieur du pays est un enjeu majeur de la résolution de la crise actuelle autant que la présence de troupes de pacification.
Les journalistes de Radio NdekeLuka et ceux de la Fondation Hirondelle se tiennent à votre disposition pour témoigner et vous donner toute précision qui vous serait utile sur la nature de leur travail et sur la situation sur le terrain.

Yves Laplume
Délégué Editorial

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