« THE COLOR LINE »
AU MUSÉE DU QUAI BRANLY
3 janvier 2017 Par
En ce début d’année 2017, il est temps de revenir sur les grandes expositions qui auront marqué cet hiver 2016/17, ou de les voir avant les derniers jours. Parmi les rendez-vous immanquables, la brillante exposition The Color Line consacrée aux artistes afro-américains au Quai Branly, alors qu’un week-end de débats aura notamment lieu les 13 et 14 janvier.
Mêler art, histoire et changement social… Un rêve pour tout commissaire d’exposition travaillant sur le XXème siècle. Avec The Color Line (sous-titrée « Les artistes africains-américains et la ségrégation »), le Musée du Quai Branly a offert au public parisien un concentré d’histoire plus que jamais d’actualité. « The Color Line » étant le titre d’un article écrit en 1881 par Frederick Douglass, un ancien esclave né en 1817 ou 1818, devenu orateur, écrivain, et militant abolitionniste.
Le but de cette exposition hors norme – réunissant près six cents œuvres et documents prêtés par des collections privées et publiques américains – est de souligner le rôle joué par l’art « dans la quête d’égalité et d’affirmation de l’identité noire dans l’Amérique de la Ségrégation », selon Daniel Soutif, commissaire indépendant responsable de cet événement. L’exposition présentent ainsi les artistes et penseurs africains américains, pour la plupart rarement exposés en France, et qui ont contribué à lutter contre cette « ligne de couleur » discriminatoire, pendant un siècle et demi de luttes.
De James Baldwin à Martin Luther King, les penseurs noirs américains l’ont répété : le problème américain du 20e siècle est le problème de « la ligne de partage des couleurs »… Bien que la fin de la Guerre de Sécession en 1865 ait permis d’entériner l’abolition de l’esclavage, la ligne de démarcation raciale n’a jamais cessé de diviser la société américaine. L’exposition débute ainsi sur plusieurs citations du militant W.E.B. Du Bois, extraite de son texte The Soul of Black Folks.
La première salle présente les thématiques racistes enracinées dans le vaudeville américain et les spectacles de ‘Minstrels’ du 19e siècle, joués par des acteurs « blancs » grimés en « noirs » et caricaturant les chiclés sur les « nègres », répandus par des siècles d’esclavage. Ce vocabulaire révélant par ailleurs toute la violence de l’extrémisme et de la ségrégation sociale américaine. Toute une moitié de l’exposition retrace donc les affres subis ainsi par les anciens esclaves alors que la société américaine se refuse à entériner les changements imposés par la constitution, à travers des documents historiques, des affiches, des textes et extraits de journaux, et de premiers tableaux.
La seconde partie retrace l’effervescence culturelle et littéraire de la culture afro-américaine : du Harlem Renaissance du début du 20e siècle aux peintres, musiciens et cinéastes contemporains qui ont défié les normes de la ségrégation. On évolue ainsi entre les pionniers de l’activisme noir (Frederick Douglass, Booker T. Washington), les photographies et pochettes d’album évoquant de nombreux chanteurs dont Billie Holiday (Strange Fruit), Public Enemy et Michael Jackson.
La part belle est faite à des peintres de génies dont le prolifique Aaron Douglas (1899-1979), figure de proue de la Harlem Renaissance, et Michael Ray Charles, né en 1967 en Louisiane, qui a détourné les codes des ‘blackfaced minstrels’ pour en dénoncer le racisme et pointer du doigts les tensions sociales encore présentes actuellement dans son pays. Sans oublier Henry Ossawa Tanner, Horace Pippin et Archibald Motley… Une sélection couvrant ainsi près de 150 ans de production artistique – peinture, sculpture, photographie, cinéma, musique, littérature… – témoignent de la richesse créative de cette contestation, encore tellement pertinente en 2017.
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Visuels : MC
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Colloque :
LES ARTISTES AFRICAINS-AMÉRICAINS ET LA COLOR LINE
Histoires, généalogies, formes et gestes
Vendredi 13 et samedi 14 janvier 2017 au Théâtre Claude Lévi-Strauss
Colloque en accès libre et gratuit, dans la limite des places disponibles.
Histoires, généalogies, formes et gestes
Vendredi 13 et samedi 14 janvier 2017 au Théâtre Claude Lévi-Strauss
Colloque en accès libre et gratuit, dans la limite des places disponibles.
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