04/03/2014

Bossangoa, 5-7 décembre 2013 : rappel des faits


La ville de Bossangoa a connu le chaos et une bataille meurtrière début décembre 2013, qui révèle le basculement de la situation en Centrafrique.
Rappel de faits avec quelques articles et références :


HUMAN RIGHTS WATCH
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  • Des habitants de Bossangoa, dans l'ouest de la République centrafricaine, cherchent à s’abriter lors d’une attaque par des forces anti-balaka contre des combattants ex-Séléka le 5 décembre 2013. La Force multinationale de l'Afrique centrale (FOMAC) est intervenue pour protéger la population civile.
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A lire, le rapport de Human Rights Watch:

"Les affrontements ont commencé à Bossangoa vers 14h00. Nous étions dans le quartier musulman, occupés à porter secours à un blessé ayant survécu à un massacre lorsque sont arrivés de nombreux véhicules transportant des combattants de l'ex-Séléka lourdement armés, prêts à se battre. En même temps que des centaines de civils, nous nous sommes précipités vers la base de la Force multilatérale d'Afrique centrale(FOMAC), qui pouvait offrir une sécurité relative. Contrairement à l'habitude, les soldats du maintien de la paix avaient laissé les portes de la base ouvertes. Trop souvent dans le passé, les troupes africaines et onusiennes de maintien de la paix ont fait très peu d'efforts, sinon pas d'efforts du tout, pour protéger les civils des environs des attaques par des groupes armés, fermant les portes de leurs bases et abandonnant les civils à leur sort quand les balles commençaient à siffler".

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"Alors que les combats s'intensifiaient, le commandant de la FOMAC, le capitaine Wilson de la République du Congo, a mobilisé ses troupes avec un sens de l'urgence et un courage remarquables, les déployant à travers la ville pour protéger les dizaines de milliers de personnes déplacées qui étaient réfugiées dans l'église catholique ou dans d'autres sites.
Quand je l'ai informé de la situation de la plupart des travailleurs humanitaires qui se trouvaient bloqués à l'intérieur d'une enceinte sur la ligne de front des combats, il a ordonné sans hésitation à ses troupes de se rendre sur place, parvenant à faire évacuer les travailleurs juste à temps.
Pendant des heures, les soldats de la FOMAC, déployés au milieu de violents combats, se sont activés pour maintenir une distance entre les belligérants et les civils vulnérables. Alors que la ville tombait aux mains des combattants anti-balaka, le capitaine Wilson a ordonné à ses hommes de boucler le quartier musulman, afin d'éviter des meurtres de représailles de la part de milices chrétiennes. Un des soldats de la paix de la FOMAC a été grièvement blessé à la poitrine durant les combats.
Étant donné que des combats se déroulent dans de nombreuses régions de la République centrafricaine, les dangers auxquels est confrontée la population civile ne peuvent qu'augmenter. Demain, malheureusement, nous compterons les victimes des violents affrontements d'aujourd'hui.
Mais l'attitude courageuse du capitaine Wilson et de ses soldats de la paix africains nous donne l'espoir que leurs efforts – dans le contexte élargi d'une mission de maintien de la paix des Nations Unies – peuvent effectivement protéger la population civile".

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BBC 

Living in fear in Bossangoa, Central African Republic

7 December 2013 Last updated at 16:38 GMT
French troops in the Central African Republic are expanding their operations, in an effort to restore order following sectarian fighting.
France is increasing its presence in the CAR to 1,600 troops to help peacekeepers deal with rising violence between Muslim and Christian militias.
Meanwhile, thousands of people in the country remain in fear of further violence and there are concerns about the humanitarian impact of the unrest.
Thomas Fessy reports from the town of Bossangoa, where many people have fled to a military base in search of sanctuary.

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AFP
Lire aussi cette dépêche :

Centrafrique : A Bossangoa, les musulmans attendent de partir, la peur au ventre

BOSSANGOA (© 2014 AFP) - Ils ne sont plus que quelques centaines, cantonnés de fait dans un camp de fortune où ils manquent de tout et craignent tout le monde. Les quelques musulmans qui vivent encore à Bossangoa n'attendent qu'une chose, la peur au ventre: fuir la Centrafrique.

Coiffé de son chèche noir et blanc, les traits marqués, Mango Jimé paraît plus que ses 58 ans avec sa barbichette grisonnante.
Il a deux femmes et douze enfants dont la plupart ont fui Bossangoa, à 250 km au nord-ouest de Bangui, il y a 15 jours à bord de camions escortés par des soldats tchadiens dépêchés par N'Djamena pour mettre à l'abri ses ressortissants et d'autres musulmans.
Direction un camp du HCR, le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés, à Gore, au Tchad, à 225 km de là, de l'autre côté de la frontière.
"Les anti-balaka ont tout détruit, ils viennent tous les jours pour nous menacer, ils ont des armes", dit-il. Lui est né à Bossangoa et n'a jamais vécu ailleurs. "Mais s'il y a un camion, je pars", clame-t-il. "Je veux un camion vers le Tchad, vers le Cameroun, vers la sécurité".
Depuis des mois, les violences qui secouent Bossangoa ont coupé cette ville en deux, jetant dans les camps de déplacés des milliers de civils.
En décembre, ils étaient 40.000 chrétiens à camper à l'évêché pour fuir les exactions des Séléka, ces combattants pour la plupart musulmans qui avaient pris le pouvoir à Bangui en mars 2013.
A un kilomètre de là, de l'autre côté de la route, jusqu'à 7.000 musulmans s'étaient réfugiés à l'école Liberté, pour fuir les vengeances des milices anti-balaka majoritairement chrétiennes.
Depuis lors, beaucoup de chrétiens se sont réinstallés en ville. Le camp de l'évêché s'est un peu vidé mais 15.000 personnes y campent encore sous un bout de bâche.
Côté musulman, beaucoup ont fui le pays et on ne compte plus qu'un petit millier de déplacés terrorisés. Entre les deux communautés, la tension est au maximum et la "peur est totale", comme le dit le vicaire général de l'évêché, Frédéric Tonfio.

Musulmans interdits de marché
Les musulmans racontent que leurs maisons ont été brûlées et pillées, leur mosquée saccagée. Ils disent que les anti-balaka les empêchent de travailler sur le marché central qui vient de reprendre du service cette semaine après plusieurs mois d'inactivité.
"Nous sommes bloqués et menacés partout. Il n'y a pas un musulman qui peut se déplacer dans les quartiers ou même se rendre à l'hôpital", a expliqué l'imam du camp des musulmans à la patronne des affaires humanitaires de l'ONU, Valerie Amos, venue sur place jeudi.
"La situation est pénible, nous n'avons plus de quoi manger, on ne peut pas travailler, nous vous demandons de nous amener au Tchad", lui a dit le vieil imam.
"Aujourd'hui ils ont même empêché des marchandises d'arriver au camp. Nous n'avons plus de sucre, plus rien à manger", a dit la présidente du camp, Kadjidja, à la responsable onusienne.
En face, le vicaire décrit des chrétiens "sans maison" et pétris de "peurs". Peur des soldats tchadiens réputés proches des musulmans, des anti-balaka censés les protéger, "des (éleveurs musulmans) Peuls armés qui sont dans la brousse", dit-t-il.

"Nettoyage basé sur la religion"
"Ces derniers jours, une grande peur s'est installée à Bossangoa", regrette Seydou Camara, le coordinateur de l'Unicef dans la ville.
"Depuis que les camions tchadiens sont venus, les musulmans vivent dans une peur totale. Les chrétiens commencent à rentrer chez eux. C'est comme s'il y avait un nettoyage basé sur la religion, c'est ça la réalité", dit-il.
"Les musulmans ont été terrorisés et menacés. On les a empêchés de se déplacer jusqu'à ce qu'ils comprennent qu'il fallait qu'ils partent", raconte-t-il, ému.
Le 13 février, un pick-up rempli d'anti-balaka lourdement armés est arrivé en ville pour patrouiller. "Ils sont restés là depuis. Ce qu'ils font n'est pas clair mais ils ont des lance-roquettes", commente un humanitaire.
De son côté, Valerie Amos est ressortie de son déplacement à Bossangoa en se disant "choquée" par "les maisons brûlées, les habitants traumatisés, des civils innocents qui subissent de plein fouet les violences".

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