11/10/2016

L'inquiétude des lycées français


Retour en France. Demain plusieurs lycées longtemps classés en "zones d'éducation prioritaire" (ZEP) seront de nouveau en grève demain pour dénoncer leur condition de travail : jusqu'à 35 élèves par classe, locaux insuffisants et inadaptés, manque de place et de moyens, nombre d'heures de cours par professeurs et par salle très élevés, etc.

J'étais à Sarcelles ce lundi au Lycée Jean-Jacques Rousseau où quelques enseignants et parents d'élèves ont organisés une réunion pour discuter des moyens d'actions.

Ils seront donc en grève ce mardi 11 octobre dans un premier temps, comme les les professeurs d'une cinquantaine de lycées en ZEP, et comme le jeudi 29 septembre.

Dans le Val-d’Oise, les lycées Romain Rolland à Goussainville, Simone-de-Beauvoir à Garges-lès-Gonesse, Jean-Jaurès à Argenteuil et Jean-Jacques Rousseau à Sarcelles ont participé à ce mouvement.

Le mouvement « Touche pas à ma Zep » rassemble les lycées en Zone d’éducation prioritaire. Il se appelle à une manifestation ce mardi 11 octobre à 14 heures, place le Corbusier (Paris VIème). Les manifestants se dirigeront vers le ministère de l’Education Nationale.

Quatorze établissements des Hauts-de-Seine participent aussi au mouvement par une grève et via le défilé : Joliot-Curie, Paul Langevin, Louise Michel et Claude Chappe à Nanterre, Prony à Asnières-sur-Seine, Léonard de Vinci à Bagneux, Guy de Maupassant et Claude Garamont à Colombes, Galilée à Gennevilliers, Michel-Ange et Charles Petiet à Villeneuve-la-Garenne, La Tournelle à La Garenne-Colombes, René Auffray à Clichy-la-Garenne, et enfin Maurice Genevoix à Montrouge.

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Voici le résumé de la journée d'action du 29 septembre :



EDUCATION

Entre ZEP et REP, les lycées de l'éducation prioritaire s'inquiètent pour leur statut

Par  — 29 septembre 2016 à 19:05


Les enseignants d'une trentaine de lycées de ZEP étaient rassemblés ce jeudi devant le ministère de l'Education. Ils craignent que les lycées soient rayés de la carte de l'éducation prioritaire.


Pour les garanties, il faudra repasser. Les enseignants d’une trentaine de lycées estampillés «Education prioritaire» étaient rassemblés cet après-midi devant le ministère de l’Education dans l’espoir d’être reçus par Najat Vallaud-Belkacem. Membre du collectif «Touche pas ma ZEP», ils craignent que les lycées soient rayés de la carte de l’éducation prioritaire. Ils ont finalement dû se contenter d’une entrevue avec des membres du cabinet de la ministre qui leur ont assuré que leur indemnité spécifique serait prolongée sans pour autant leur promettre que leur établissements seraient intégrés à la réforme qui a transformé les ZEP en REP. 

Pour comprendre, un retour en arrière s’impose. APV, RAR, CLAIR, ÉCLAIR, ZEP… L’éducation prioritaire, créée en 1981 par François Mitterrand, a endossé à peu près tous les noms. Tendance acronyme, toujours. L’idée : cibler les établissements les plus en difficultés, abritant les élèves socialement et scolairement fragiles, et leur allouer plus de moyens. Sauf qu’au fil du temps, le dispositif s’est dilué, de plus en plus d’établissements y entrant sans que d’autres n’en sortent. 

En 2014, Vincent Peillon, alors ministre de l’Education, entreprend donc de réformer tout ça, nouvel acronyme à l’appui. Et voilà que les ZEP (zones d’éducation prioritaires) deviennent des REP (réseaux d’éducation prioritaire), ou des REP + (le noyau dur). Avec ce nouvel estampillage, de nouvelles mesures : les enseignants concernés ont désormais une heure et demie de cours en moins par semaine au collège - neuf jours en moins par an en primaire, la prime qu’ils touchaient en ZEP est augmentée (de 50% pour les REP, doublées pour les REP+) et les enseignants ont trois jours de formation continue par an. 

«On nous a expliqué qu’on s’occuperait des lycées plus tard»


Les syndicats applaudissent mais dans l’histoire, les lycées qui étaient labellisés ZEP sont laissés de côté. Sur la liste des établissements concernés, seulement des primaires et des collèges. «En 2014, au moment de la réforme, la question a été abordée. On nous a alors expliqué qu’on s’occuperait des lycées plus tard, raconte Claire Vidallet, professeur au lycée Joliot-Curie de Nanterre, le premier à avoir voté la grève à la rentrée - d’autres en Ile-de-France ont suivi ensuite. En janvier 2015 après l’attentat contre Charlie Hebdo, au moment où il y a eu des tensions dans des lycées de banlieue, on nous a répété qu’on allait avoir le même statut que les collèges, qu’on deviendrait des REP». 
Les lycées qui étaient labellisés ZEP gardent donc leur statut et attendent d’être intégrés à la réforme. Jusqu’à la lecture de cette phrase, au printemps dernier : «Comme vous le savez, la refondation de l’éducation prioritaire que nous avons engagée est axée sur la scolarité obligatoire.» Elle est extraite d’un courrier de Najat Vallaud-Belkacem adressé au député PS Sébastien Pietrasanta qui lui avait écrit pour lui faire part des inquiétudes relayées par les enseignants d’un lycée de ZEP de sa circonscription. Rebelote, mot pour mot, dans une missive cette fois envoyée au maire de Nanterre qui l’avait interpellé pour les mêmes motifs. 
Si les enseignants assurent qu’on leur avait dit que leur tour viendrait, du côté du ministère, on explique aujourd’hui qu’il n’en a jamais été question. «Il n’y a pas d’alignement prévu sur les REP pour les lycées», explique-t-on très clairement, avant d’insister sur le fait que les moyens alloués aux lycées concernés n’ont pas bougé depuis la réforme de 2014. 

«Peu importe le nom, l’important ce sont les moyens»

Dans une lettre adressée aux enseignants du lycée Joliot-Curie, la cheffe de cabinet de Najat Vallaud-Belkacem assure ainsi que «les critères d’allocation des moyens pour les lycées en éducation prioritaire ne sont nullement remis en cause». Une clause de sauvegarde, gravée dans un décret paru en 2015, garantit en outre aux enseignants des ex ZEP les indemnités spécifiques auxquelles ils avaient droit. Seulement jusqu'en 2017 sur le papier, mais le ministère leur a promis hier que la mesure serait prolongée. 
Preuve de la disparition future des lycées sur la carte de l’éducation prioritaire selon Claire Vidallet, le blocage du «compteur» des profs. Jusqu’en 2014, les enseignants de ZEP, en primaire, au collège ou au lycée, cumulaient en fait des «points de bonification» qui pouvaient servir à obtenir des avantages en termes d’avancement de carrière. Avec la réforme de l’éducation prioritaire, ils doivent périmer en 2017. Pour les ZEP devenues REP, un «effet rétroactif» est prévu. Pour les lycées, ce n’est pas le cas. 
Le décret cité plus haut servirait donc selon eux à masquer la fin programmée de l’éducation prioritaire dans les lycées, en faisant les choses progressivement. Et en laissant ces lycées dans une zone grise, entre ZEP et REP. «Peu importe le nom, l’important ce sont les moyens», se défend-on au ministère quand, interrogé sur la façon dont on peut dorénavant qualifier ces établissements, on ne sait que répondre. 

«Les difficultés scolaires ne disparaissent pas par magie à l’issue du collège»


Un discours qui peine à convaincre les enseignants. Dans un communiqué, signé par le collectif «Touche pas ma ZEP» et les syndicats enseignants, ils s’inquiètent déjà des conséquences d’une sortie de l’éducation prioritaire : «les effectifs par classe augmenteront, les cours en demi-groupe seront moins nombreux et la fin des bonifications risque de conduire les enseignants les plus expérimentés à faire jouer leurs points de mutation, laissant dans ces établissements une majorité de collègues inexpérimentés.»
«Par ailleurs, il est incompréhensible de considérer que l’éducation prioritaire puisse s’arrêter à la fin du collège. Les lycées qui étaient classés ZEP recrutent dans des bassins où l’essentiel des collèges sont classés REP ou REP+. Les difficultés sociales et scolaires des élèves ne disparaissent pas par magie à l’issue du collège», poursuivent-ils. 
Hasard du calendrier, il y a deux jours, le Conseil national de l’évaluation du système scolaire publiait les résultats d’une enquête sur les trente dernières années de politiques publiques en matière d’éducation. Conclusion : les inégalités progressent, notamment dans l’éducation prioritaire, qui de fait, tolère la ségrégation sociale et scolaire. «Il faut justement en faire plus, assure Claire Vidallet. Il y a un problème de ségrégation c’est vrai, mais ce n’est pas parce qu’on enlève le label "éducation prioritaire" que la réputation d’un lycée va changer». 
Charlotte Belaich (Libération)

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Les actions du 11 octobre :


« Touche pas à ma ZEP »

Trajet / parcours : Départ 14h, Place le Corbusier (métro Sèvres-Babylone)
Place le Corbusier > Bd Raspail > Rue de Grenelle
Le collectif "Touche pas à ma ZEP" et les lycées mobilisés pour l'éducation prioritaire appellent à la grève mardi 11 octobre.
  • Occupation des établissements la nuit du 10 au 11 octobre 2016,
  • mardi 11 octobre, matin action locale, dans les lycées
  • mardi 11 octobre à 14h - rendez-vous à Sèvres Babylone

Les lycées se mobilisent pour l'éducation prioritaire. Rejoignez l'appel et la lutte !

Loin de la com' ministérielle sur une pseudo volonté de revitaliser l'éducation prioritaire, les décisions se succèdent qui signent sa destruction programmée. Les collèges et les écoles sont nombreux à découvrir des moyens en forte baisse par rapport à la rentrée 2015 alors même qu'ils ont conservé le label REP : "REP = Rien En Plus !".
Quant aux lycées, après avoir sans cesse repoussé la publication d'une liste des lycées maintenus en éducation prioritaire, Najat Valaud-Belkacem vient dans un récent courrier* au député d'Asnières-sur-Seine Sébastien Piétrasanta d'annoncer leur sortie de tout dispositif dès 2017, y compris pour les lycées professionnels.
L'argument avancé par la ministre est celui de la priorité donnée à la scolarité obligatoire dans la refondation de l'éducation prioritaire. Pourtant le ministère continue bien d'afficher comme un de ses objectifs principaux d'en finir avec les 150000 jeunes sortants chaque année sans diplôme du système scolaire. Or ​ la difficulté scolaire ne s'arrête pas à 14 ans ! Comment expliquer alors la décision de supprimer en lycée les moyens supplémentaires liés à l'éducation prioritaire ?
La première conséquence sera la dégradation des conditions d'enseignement et de réussite des élèves de ces lycées accueillant une majorité d'élèves issus de milieux défavorisés : hausse des effectifs par classe, baisse de l'offre d'options et des cours en demi-groupe, etc. Cela signifiera aussi une dégradation des conditions de travail des personnels.
Par ailleurs, les personnels perdront leur prime ZEP et leurs bonifications pour les mutations. Cette dégradation des conditions d'enseignement et de la rémunération entraînera une rotation accrue des équipes pédagogiques mettant en péril le travail en équipes essentiel à la réussite des élèves dans ce type d'établissement.
Nous contestons la sortie des lycées relevant de l'éducation prioritaire. ​ Nous exigeons la mise en place d'un statut et d'une carte élargie de l'éducation prioritaire pour les lycées avec la garantie d'effectifs limités, de moyens supplémentaires et de compensations spécifiques pour l'ensemble des personnels, assurant ainsi la stabilité des équipes.
Plusieurs lycées ont déjà décidé de se mettre en grève dès la rentrée 2016 si des engagements fermes n'étaient pas pris par le ministère.

Premiers signataires : ​

les personnels mobilisés des lycées Joliot-Curie, Paul Langevin, Louise Michel et Claude Chappe de Nanterre (92), Prony d'Asnières-sur-Seine (92), Léonard de Vinci de Bagneux (92), Guy de Maupassant et Claude Garamont de Colombes (92), Galilée de Gennevilliers (92), Michel-Ange et Charles Petiet de Villeneuve-la-Garenne (92), La Tournelle de La Garenne-Colombes (92), René Auffray de Clichy-la-Garenne (92), Maurice Genevoix de Montrouge (92), Jean Zay d'Aulnay-sous-Bois (93), Jacques Feyder d'Epinay-sur-Seine (93), Jacques Brel de La Courneuve (93), Marcel Cachin de Saint-Ouen (93), Maurice Utrillo de Stains (93), Jean Rostand de Villepinte (93), Louise Michel de Bobigny (93), Paul Eluard de Saint-Denis (93), Langevin-Wallon de Champigny-sur-Marne (94), Georges Brassens de Villeneuve-le-Roi (94), Arago de Villeneuve-St-Georges (94), Nadia et Fernand Léger, Jean Jaurès, George Braque et Cognacq-Jay d'Argenteuil (95), Simone de Beauvoir et Arthur Rimbaud de Garges-lès-Gonesse (95), Romain Rolland de Goussainville (95), Jean-Jacques Rousseau et de la Tourelle de Sarcelles (95), de Bezons (95), Maurice Eliot d'Épinay-sous-Sénart (91), Pierre Mendès-France de Ris-Orangis (91), Jean Rostand de Mantes-la-Jolie (78), André Malraux de Montataire (60), Romain Rolland d'Amiens (80), Blaise Pascal de Forbach (57), Charles Mongrand de Port-de-Bouc (13)...
Avec le soutien ​des personnels mobilisés en Réseau d'Education Prioritaire (REP/REP ) ou anciennement en Réseau de Réussite Scolaire (ex RRS) du collège Moulin-Joly de Colombes (92), du collège les Sablons de Viry Chatillon (91), du collège Jean-Baptiste Clément de Colombes, du collège Vercors de Grenoble (38), du collège St Exépury de Villiers-le-Bel (95)...

Avec le soutien de :

​ CGT éduc'action Créteil et Versailles, UD CGT 92, SNEP-FSU Versailles, SNES-FSU 92, SNUEP-FSU Versailles, SUD éducation, UNL Ile-de-France, FCPE Asnières-sur-Seine, Bagneux et Villeneuve-la-Garenne (92)...
*La ministre répondait dans ce courrier en date du 27 avril 2016 au député qui relayait l'inquiétude des collègues du lycée professionnel Prony d'Asnières-sur-Seine (92) anciennement classé ZEP.


Le compte twitter : https://twitter.com/tpamz


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