Annonce:
Je suis invitée par le groupe "Génération" du Royaume-Uni à parler art, musique et politique, en janvier 2019, ici à Londres.
Date confirmée : le mardi 8 janvier, à partir de 19h.
Lieu: East London
Pub The Gunmakers,
13 Eyre Street Hill, London EC1R 5ET
(salle à l'étage)
métros: Farringdon ou Chancery Lane
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Et quelques mots d'introduction ici :
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Bristol : une contre-histoire culturelle du Royaume-Uni ?
Par Mélissa Chemam
La vie culturelle d’un pays est souvent la meilleure plateforme d’observation de sa vie politique… Depuis mon installation au Royaume-Uni en 2009, je n’ai cessé d’explorer la culture de ce pays puissant et fascinant. Je suis revenue de manière plus permanente en 2015 – après des années en Afrique – pour écrire un livre sur la ville de Bristol et plus particulièrement sur le groupe Massive Attack. Pourquoi ce groupe ? Parce que comme mon propre parcours de journaliste, le leur les a menés sur quatre continents.
Composé de membres d’origines antillaises et italiennes, Massive Attack a révolutionné la musique britannique dès leur premier album, Blue Lines, en 1991. Une sortie qui leur a valu de temporairement changer leur nom en « Massive » ; l’expression « attaque massive » faisait la une des journaux pour désigner la Guerre du Golfe. Le nom du groupe avait été choisi en 1988 pour décrire leurs fêtes mêlant punk, musique soul, reggae et hip-hop de manière explosive ; il résonnait désormais autrement. Marqués par cette abdication forcée par leur label, les membres du groupe n’ont depuis cessé d’imposer un son métissé, invitant des artistes d’origines nigérianes, jamaïcaines, écossaises, afro-américaines ou irlandaises à travailler avec eux, incorporant des influences turques, russes et même mongoles à leurs chansons.
Parallèlement à un riche développement qui a les menés à un succès mondial avec la sortie de l’album Mezzanineen 1998, les membres de Massive Attack ont approfondi leur engagement politique et pacifiste. Leur principal parolier et compositeur, surnommé 3D, a protesté de manière particulièrement forte contre la Deuxième Guerre d’Irak en 2003, un fait rare dans la communauté musicale, allant jusqu’à transformer leur spectacle en tableau de chiffres, données et noms documentant l’évolution des batailles. Quelques années plus tard, il créait pour leur cinquième album, Heligoland, une illustration inspirée du passé esclavagiste de Bristol…
3D avait déjà marqué Bristol avant de fonder Massive Attack par ses graffiti pionniers et adulés. Il est connu pour avoir inspiré un autre artiste bristolien, le fameux et anonyme Banksy. Ensemble, ils ont créé plusieurs expositions pour souligner l’injustice en Irak et en Palestine, désignant leur pays comme l’un des responsables historiques de cette situation du fait de sa domination coloniale dans la région.
Une telle position est rare dans le paysage culturel britannique. Alors que j’écrivais ce livre, le pays s’est enfoncé dans une crise identitaire en lançant ce référendum sur sa sortie de l’Union européenne. Une crise qui a nourri une montée des extrêmes et le renvoi de nombreux Antillais de la génération « Windrush », appelés de Jamaïque dans les années 1950 pour reconstruire le pays. Massive Attack, dont cinq des membres de la formation de tournées sont d’ascendance caribéenne et deux italienne, a exprimé sa déception à Hyde Park en juillet 2016, et récemment dans le Guardian. Héritage brillant d’un multiculturalisme complexe, le groupe de Bristol sonne désormais comme une réponse pleine d’espoir face aux inquiétudes actuelles.
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Lien: https://docs.google.com/document/d/1jj6g8aeLBoFqOzaX31KIrodkpTfL9t_eW8M1K7GtpLc/edit
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