26/05/2011

Avishai Cohen revient, avec "Seven Seas"

  Je peux facilement lui décerner le titre de mon musicien fétiche. Quand je l'ai rencontré pour la deuxième fois, ce que je lui ai dit, en anglais, est meme que sa musique est ma religion. La métaphore s'y prête bien. J'ai découvert son disque "Gently Disturbed" en 2008 et depuis, que ferais-je sans sa contrebasse?



Avishai Cohen, dont le troisième concert a été pour moi le meilleur. Ce fut à Londres, où je suis allée l'écouter en 2010 dans une salle extraordinaire, l'Union Chapel, une église transformée en salle de concert. Le lieu s'y prêtait donc...

Auparavant, je l'avais entendu à Paris, au Bataclan, et je lui avais demandé de m'accorder un entretien pour Le Monde des Religions, magazine du groupe Le Monde pour lequel j'ai écrit des critiques et des portraits d'artistes pendant des années. Il a accepté. J'ai pu avoir un entretien avec le musicien surdoué quelques semaine plus tard, par téléphone, depuis son appartement à Tel Aviv. 

Le deuxième concert que j'ai eu la chance de voir fut celui de l'Alhambra, à Paris, en novembre 2009. 

Avishai Cohen et son trio sortent à présent un nouvel album. Intitulé "Seven Seas", le disque est une sorte de synthèse entre le précédent, "Aurora", un retour aux sources de la musique yiddish et ladino qui a bercé son enfant, et le brillant "Gently Disurbed", un sommet de l'histoire du jazz moderne, selon moi.


Avec cette nouvelle formation et ces compositions récentes, le contrebassiste le plus salué du monde repart donc en tournée. Il est en ce moment en France où il a donné une belle interview à l'émission 'L'Humeur vagabonde', sur France Inter, mardi 24 mai dernier.  

Il sera ensuite au Brésil, en Pologne, en Allemagne puis à nouveau en France durant l'été.
Ne le manquez surtout pas, sur scène, son génie est décuplé...

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Voici le portrait que j'ai réalisé pour Le Monde des Religions d'octobre 2009 :


Avishaï Cohen - Divines mélodies

Par Mélissa Chemam

Du jazz savant au jazz profane, du folk aux influences orientales, Avishai Cohen est un alchimiste de cette musique, qui aime faire fondre le son traditionnel en mélodie d’avant-garde, pour donner un son au métissage enchanteur. Sur son dernier disque, baptisé « Aurora », le contrebassiste et compositeur a poussé cet exploit jusqu’à l’extrême pour créer un univers unique, empreint de spiritualité. Ce sont les sons traditionnels de son enfance, les vieilles mélodies juives venues de la musique klezmer comme de la poésie judéo-andalouse qui l’ont inspiré.
« Aurora est devenu ce qu’il est devenu grâce aux chants, la voix apporte un niveau supplémentaire d’intimité. Je me suis inspiré de vieilles chansons traditionnelles qui ont un sens très profond pour moi », nous explique le musicien depuis son appartement de Tel Aviv, où il réside entre deux tournées, à deux pas de l’opéra national. Après avoir vécu 12 ans à New York City, la capitale mondiale du jazz, le musicien a choisi de rentre en Israël il y a 5 ans. C’est là qu’il a pu replonger dans les racines musicales de ses ancêtres pour composer ce dernier disque, à la dimension étonnamment spirituelle.
« Je me suis immergé dans ces paroles de vieil hébreu, dans celles de mélodies que me chantait ma mère quand j’étais enfant », se souvient-il. « Et surtout je me suis laissé aller à chanter, je me suis exposé et j’ai mis bien plus de moi-même dans ce disque. Le chant m’aide à exprimer des sensations encore plus fortes que la musique ».
Le musicien a ainsi découvert qu'une fois franchie cette frontière, une fois ouverte la porte du chant, on ne pouvait plus revenir en arrière. « A présent, je ressens ce besoin de me livrer et j’ai appris que le chant est l'essence de la musique »…
La mère de l’artiste lui chantait des chansons comme « Morenika », dès sa plus tendre enfance. Aujourd’hui, en chantant lui-même cette ancienne ballade en ladino, il éprouve une émotion particulière à faire revivre cette langue, celle des rabbins andalous, que presque personne ne comprend plus. Avishai Cohen chante aussi en hébreu et en anglais. Sa musique puise ses sources au croisement de nombreuses influences, arabo-andalouse, hébraïque, et klezmer, pour parler de la vie, comme de l'amour, souvent malheureux.
Les paroles du morceau « El Hatzipor » ont par exemple été écrites dans les années 1920 par un poète juif d’origine russe. Sa principale inspiration était la Torah, et ce célèbre texte est une ode à l’Israël perdu, que le poète rêve d’enfin retrouver. Avishai a réécrit ces paroles dans une tournure d’hébreu plus moderne tout en gardant sa dimension spirituelle.
« Le chant et la musique parle d’eux-mêmes dans une telle chanson, je trouve qu’il n’y a même pas besoin de parler hébreu pour la comprendre », affirme-t-il.
Surnommé « musicien le plus tendance de l’année », Avishai Cohen a entrepris début 2009 une tournée qui l’a mené de Paris aux Etats-Unis, en Israël, puis dans toute l’Europe. Il sera de retour en concert en France tout le mois de novembre, de Calais à Paris, en passant par Amiens et Narbonne, avant de revenir en 2010 parcourir de nouveau tout le pays. Un succès époustouflant pour ce musicien de 39 ans considéré comme le meilleur contrebassiste actuel.
Né en 1970 près de Jérusalem, dans une famille de mélomanes, le petit Avishai apprend d’abord le piano. Mais une fois adolescent, il choisit la basse puis la contrebasse, et c’est en professionnel qu’il quitte son pays pour New York, à seulement 22 ans. Il est rapidement remarqué dans un des nombreux clubs de jazz de la ville par le célèbre pianiste Chick Corea. Il part alors en tournée avec deux de ses groupes, Origin and le Chick Corea New Trio.
Il crée ensuite son propre ensemble, le Avishai Cohen Trio. Il compose lui-même leurs mélodies, inspiré par un travail sur ses racines, sur son histoire, et un sens aigu du métissage. Le joueur de luth Amos Hoffman, et la voix unique de Karen Malka sont venus s’ajouter au trio pour « Aurora ».
A l’origine, l’album « Aurora » devait s’intituler « Zohar », qui en hébreu signifie lumière divine, source spirituelle. C’est Avishai qui au dernier moment a changé le titre.
« Je crois que j’ai voulu revenir de cette dimension très religieuse à quelque chose de plus spirituel, de plus humain », essaie-t-il d’expliquer. « Mais ce disque a véritablement une dimension humaniste et mystique », conclut-il.
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Aurora, Editions Blue Note, 2009
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Avishaï Cohen - En quelques dates
20 avril 1970 - Naissance près de Jérusalem, en Israël 
1984 – Début à la basse, puis apprentissage de la contrebasse
1992 – Arrivée à New York, pus rencontre avec Chick Corea
1998 – Enregistrement de son premier album, « Adama »
2003 – Création de son propre trio et de son propre label, Razdaz Recordz
2004 – Retour en Israël   

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Quelques infos :


Le site d'Avishai Cohen : http://www.avishaicohen.fr/

Avishaï Cohen sera en concert en France cet été :
- le 25 juin à Samois sur Seine
- le 1er juillet à Cheverny
- le 2 juillet à Strasbourg
- le 7 juillet à Couches
- le 11 juillet à Nice
- et le 19 en octobre à l'Olympia à Paris.

Ecoutez l'émission ''L'Humeur vagabonde' avec Avishai Cohen sur France Inter :

http://sites.radiofrance.fr/franceinter/em/humeurvagabonde/index.php?id=105144

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