Avant la réunion de Bruxelles, le ministre des Affaires étrangères malien, Tièman Coulibaly, était à Paris hier et s'est exprimé devant les étudiants de Sciences Po Paris. J'y étais, voici l'essentiel de ses propos :
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Sur le MNLA
"Derrière le MNLA, Mouvement national de libération de l'Azawad, se cache des supplétifs d'AQMI, Al Qaida au Maghreb islamique. Et nous nous trouvons face à un défi énorme à présent".
Le ministre a tenu à rappeler quelques faits et chiffres :
La population du Nord du Mali ne représente que 10% de la population malien, soit 1,3 millions d'habitants, soit une minorité ; la ville de Kidal ne compte que 62 000 habitants. Cela reflète bien que "le problème touareg ne fait pas tout dans cette région".
Sur le rôle de la France
Le ministre a souligné que la France "s'est engagée dans une guerre juste pour protéger un Etat, menacé et dont la situation menaçait la stabilité mondiale". Le ministre Coulibaly a comparé cette situation à celle de la France en 1940, rappelant que les Maliens étaient là, comme en 1914-18 pour aider les Français d'alors.
Et la suite?
Répondant aux questions de Ghassan Salamé sur l'avenir à court terme de la politique du pays, Tièman Coulibaly a répondu que "le scénario souhaitable serait une confrontation militaire qui dure le moins longtemps possible, suivie d'une discussion inclusive en accord avec la feuille de route et la date butoir fixée au 31 juillet pour relancer un processus de reconstruction politique". Il a ajouté que "le scénario détestable serait de constater le refus de désarmer de certains combattants, et de laisser de côté les enjeux stratégiques notamment énergétiques".
Par ailleurs, il ne s'est pas montrer très favorable à l'envoi d'une force de maintien de la paix, considérant qu'on ne pouvait maintenir la paix entre un Etat et des groupes terroristes ; selon lui, la "MISMA est là pour appuyer l'armée malienne".
Sur la question de la lutte contre l'impunité
M. Coulibaly a affirmé que les autorités maliennes soutiennent le principe d'une commission d'enquête telle que réclamée par les ONG Human Rights Watch et Amnesty International. Il a d'ailleurs précisé avoir rencontré Fatou Bensouda, la nouvelle Procureure générale de la CPI (Cour pénale internationale de La Haye), en fin de semaine dernière sur le sujet. Il a ajouté qu'il "invite toutes autorités habilitées à venir enquêter et affirme que les autorités maliennes ont "déjà saisi la CPI concernant certains crimes".
Sur les combattants
Le ministre a parlé de plus de 350 véhicules de jihadistes sur le terrain au nord du Mali, avec 4 à 5 combattants à leur bord, venant d'un recrutement dans toute l'Afrique de l'ouest, y compris des camps du Sahara occidental, ce qui fait 5500 à 7000 hommes. Selon lui "Ansar Dine et le MUJAO ont racheté certains hommes, anciens combattants du MNLA, pour un salaires de 350 à 500 euros par mois". Le danger serait maintenant de voir "les trafics en tout genre créer des liens entre les jihadistes et les populations locales, notamment les commerçants" ; pour lutter contre cela "il faut qu'on offre d'autres perspectives".
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