09/02/2016

Calais, honte de la France



Cette semaine dans Le 1 Hebdo:



CALAIS
UNE HONTE FRANÇAISE
par Laurent Greilsamer
Des milliers de migrants échouent chaque année à Calais. Clandestins, traqués, livrés au froid et à la faim, ils ont pour unique obsession de passer en Grande-Bretagne. Bénévoles et associations se dévouent pour leur fournir nourriture et vêtements. La puissance publique parie sur le pourrissement.
Découvrez Le 1 de cette semaine : CALAIS, UNE HONTE FRANÇAISE.








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CI-GÎT LA FRANCE

Une fois passé Boulogne et le cap Gris-Nez, les premières silhouettes apparaissent. Des ombres marchent sur le bord de l’autoroute, les unes derrière les autres, par petits groupes. Entre chien et loup. Ils sont jeunes, ne parlent pas, avancent en file indienne vers des aires d’autoroute ou des points de rendez-vous tenus secrets. Ils laissent filer les voitures à leur côté, concentrés tous sur le même rêve : l’Angleterre. 
Sur l’autoroute qui mène à Calais, plus loin, il y a ce panneau avec ce nom, soudain, qui nous frappe comme une gifle : Sangatte. Sangatte pour dire le temps passé, le temps perdu, l’aveu d’impuissance. Sangatte pour nous rappeler qu’en 1999, déjà, ici, sur ces mêmes terres du Nord, le gouvernement Jospin avait ouvert un camp de la Croix-Rouge pour deux cents réfugiés. Et qu’ici, déjà, ce camp n’avait pas suffi, n’avait pas cessé de croître, jusqu’à exploser littéralement lorsqu’il atteignit 1 500 personnes. Sangatte que Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, avait fini par fermer en expliquant que le problème, ainsi, serait réglé. 
Sur l’autoroute qui mène à Calais, enfin, au niveau de Fréthun, apparaissent les premières barrières. Autour du tunnel sous la Manche, c’est un camp retranché : double grillage, chemin de ronde, caméras. Terrains inondés. Des kilomètres de grilles qui font de l’entrée dans Calais, une expérience étrange comme si la ville entière était plongée dans un univers carcéral. Le port, l’Eurotunnel, la nationale 216, toutes ces zones sont grillagées, gardées, surveillées. -L’environnement qui entoure Calais s’est transformé. Le paysage, ici, porte en lui quelque chose de policier. 



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