Mon reportage sur la génération ‘Windrush’ en GB sera diffusé ce mardi 17 juillet dans l'émission 'Vu d'Allemagne' sur la DW à 17h TU
L’exposition
« Windrush, Songs in a Strange Land » à la British Library fait
partie des célébration qui depuis fin juin rendent hommage à la culture
caribéenne du Royaume-Uni. Le titre vient du nom d’un bateau qui a emmené des
travailleurs de toutes les Antilles vers la « mère partie » il y a 70
ans. Mais le contexte dans le pays est difficile et depuis 2005 les débats sur
l’immigration ont créé un climat d’hostilité qui a failli gâcher ces moments de
fête. Reportage en Angleterre : Mélissa Chemam.
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« London Is The Place For Me », une chanson de
Lord Kitchener du genre calypso, est devenue un emblème de toute une génération.
Symbole des promesses de réussite et d’intégration entre les colonies
antillaises et la patrie anglaise.
Elle est au centre d’une exposition organisée par la British
Library à Londres pour célébrer les 70 ans de l’arrivée de L’Empire Windrush.
Ce bateau venu de Jamaïque en 1948 transportait les travailleurs des colonies vers
l’Angleterre, venus contribuer à reconstruire le pays après la guerre.
Pour Elizabeth Cooper, commissaire de l’exposition, la
musique est un des héritages les plus flagrants de cette arrivée. « Notre section
musique s’articule avec le reste de l’exposition, nous avons de la musique
d’influence africaine et de la musique indo-caribéenne du début du 20e
siècle, du reggae qui est né ici au Royaume-Uni ainsi que du ‘Lovers Rock’, une
sorte de résumé de la musique antillaise ».
Spécialiste américaine de l’art des Caraïbes, Elizabeth a
aussi voulu mettre l’accent sur l’histoire de l’immigration afro-caribéenne en
Grande-Bretagne, qui remonte au XVe siècle.
« Notre approche
a été d’avoir un regard critique sur ces commémorations pour se demander ce que
la génération ‘Windrush’ signifie socialement, pour regarder d’où elle vient
non seulement géographiquement mais aussi culturellement et historiquement.
Pour cela, nous avons regardé les impacts de la colonisation, de l’esclavage et
de la notion de race sur la société britannique depuis bien plus longtemps que
50 ou 70 ans ».
Si Londres, avec son fameux carnaval de Notting Hill, est
connue dans le monde entier pour sa culture antillaise, de nombreuses autres
villes anglaises ont ce même métissage, dont Birmingham, Liverpool et Bristol.
C’est dans cette ville du sud-ouest du pays que l’artiste Michele Curtis a eu
l’idée de créer une exposition autour de « sept patrons de St
Pauls », un des deux quartiers jamaïcains de la ville. Pour mettre en
valeur une histoire d’intégration souvent difficile, pour une population qui a
souffert du racisme et de la pauvreté, comme l’explique l’adjointe au Maire
Cleo Lake le jour de l’inauguration: « ‘Les
Bristoliens Noirs Iconiques’ est un projet nécessaire et une inspiration, qui
retrace le parcours, la contribution à notre histoire de ces importants acteurs
du changement dans notre communauté pour que les jeunes et toute la population
puisse connaître leurs apports au progrès de notre ville, Bristol ».
Michele est comme Cléo d’origine jamaïcaine. Elle a toujours
été inspirée par les hommes et ses femmes de son quartier qui ont mis en place grèves
et manifestations pour se faire accepter et servir de modèles à la seconde
génération.
« Mon projet a
commencé comme une passion, j’ai dessiné et écrit les biographies pour
présenter ces personnes et les faire connaître. J’ai grandi dans une partie de
la ville nommé Easton. Il y a ici deux quartiers où se sont installées les
communautés noires, St Pauls et Easton. J’ai grandi entouré de travailleurs,
d’activistes, des gens qui ont beaucoup fait pour la communauté. Et je suis
maintenant mère de deux garçons et depuis quelques années notre quartier a des
problèmes de drogues ; ce qu’on entend le plus souvent dans le reste de la
ville c’est que ces problèmes ‘viennent de ces jeunes Jamaicains’, ou que c’est
‘vraiment un problème lié aux Noirs’ et qu’il n’y a pas de modèles positifs
pour ces jeunes dans leur communauté… Comme si toutes les personnes de couleurs
étaient des criminels, des vendeurs de drogue ou ce genre de choses. Et ce n’est
vraiment pas mon expérience. Ni celle des autres personnes noires que je
connais. Donc je voulais contribuer à changer cette vision. C’est pour ça que j’ai
commencé à dessiner ces portraits et à écrire ces biographies pour partager
notre histoire. Les clichés perdurent… Et je pense constamment à comment toucher
plus de gens avec notre histoire positive et les ‘Bristoliens Noirs Iconiques’ parce
qu’il reste beaucoup à faire selon moi ».
Au moment où se préparaient ces célébrations, le Royaume-Uni
a plongé dans une crise sociale profonde. Et l’une des illustrations a été le
« Windrush Scandale », provoqué par le renvoi dans les Antilles de
travailleurs retraités qui vivaient en Grande-Bretagne depuis parfois plus de
60 ans… Un contexte qui a évidemment révélé le racisme parfois persistant
jusqu’aujourd’hui, dans un pays souvent loué pour son multiculturalisme
passionnant, selon Elizabeth Cooper, de la British Library…
« L’exposition permet
de prendre du recul sur le contexte actuel. On voit bien que cette hostilité fait
partie d’un long héritage de lutte pour la liberté et l’intégration, et en
réponse à des tentatives des gouvernements britanniques d’exclure les descendants
d’Antillais. L’exposition met en valeur la lutte pour les droits civiques, ici
comme aux Antilles, et cela remet en perspective ce que les gens subissent
aujourd’hui. Cela fait partie d’une longue tradition de défense d’un monde plus
humain et plus juste dont les Antillais font partie. »
Le 7 juillet a eu lieu à Bristol le Carnaval de St Pauls,
qui fêtait ses 50 ans. Et le 26 et 27 août aura lieu celui de Notting Hill.
Malgré les préjugés et le contexte social difficile, la culture caribéenne n’a
jamais été aussi bien représentée dans le pays.
Mélissa Chemam, à Londres et Bristol, pour la Deutsche
Welle.
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Michele Curtis' artwork in pictures, exposed in Bristol in early July 2018:
Cleo Lake and Michele Curtis, the artist
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