Mon article pour Toute la Culture :
AudioGhost68
Gibellina, Sicile
17 oct. 2015
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AudioGhost68, ou redonner vie au village œuvre d’art d’Alberto Burri
A l’occasion du
centenaire de la naissance du grand artiste italien Alberto Burri, le sculpteur
napolitain Giancarlo Neri a organisé une performance hors du commun à Gibellina
Vecchia, en Sicile, au cœur de l’un des plus grandes œuvres de Land Art de
Burri, Il Grande Cretto. L’œuvre a
été construite sur les décombres de la ville détruite par un tremblement de
terre en 1968. Samedi 17 octobre, a eu lieu AUDIOGHOST68, une œuvre de son et
lumière créée par une formidable équipe anglo-italienne.
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Note de la rédaction :
Cachée au milieu de champs d’oliviers et de vignobles,
dédale de nuances de vert et de blanc, la petite ville de Gibellina Nuova
dénote en Sicile. Située au centre de la province de Trapani, loin des côtes et
plages et donc des touristes, elle a des allures de ville fantôme, dépeuplée par
le manque d’activité. Avec son architecture ultra-contemporaine, ses statues et
œuvres d’art par dizaines, elle a moins d’habitants que de projets urbanistiques,
dont certains restent malheureusement inachevés. A quelques centaines de mètres
se trouve notamment la Fondazione
Orestiadi, une merveille d’architecture rassemblant des œuvres d’artistes
contemporains et une exposition consacrée à la place de l’islam dans la Sicilia Africana, la côte sud de la
Sicile, imprégnée depuis des siècles par les échanges entre le sud de l’Europe
et le nord de l’Afrique.
Il y a une raison à ce mélange unique. L’histoire de la
petite ville sicilienne de Gibellina est à la fois tragique, inspirante et
emplie de symboles. Presqu’entièrement détruite par le tremblement de terre qui
frappe l’ouest de la Sicile en janvier 1968, une année qui secoua le reste de
l’Europe par ses révolutions, la ville a été progressivement reconstruite
quelques kilomètres plus loin, grâce à l’investissement et aux efforts de son
maire, Ludovico Corrao, et l’intervention de nombreux architectes et artistes de
toute l’Italie. Le site de l’ancienne ville, Gibellina Vecchia, a finalement
été recouvert dans les années 1980 par une œuvre d’art monumentale, Il Grande Cretto d’Alberto Burri, un
des plus impressionnants exemples de « land
art » de l’artiste italien né en 1915, près de Pérouse, en Ombrie.
Célébrer le
centenaire d’Alberto Burri et son œuvre Il
Grande Cretto
En cet automne 2015, alors que le monde de l’art commémore
le centenaire de la naissance d’Alberto Burri, notamment à travers une
rétrospective au Guggenheim Museum de New York, Il Grande Cretto a finalement été complété à Gibellina Vecchia. Immense
dalle de ciment d’un mètre cinquante de haut, sur des dizaines de mètres
carrés, creusée d’allées correspondant aux anciennes rues de la ville, le Cretto de Burri est à la fois le sarcophage et le l’âme des anciens habitants de
la ville. Il est encore entouré par les débris des maisons qui ont résisté au
séisme.
C’est pour toutes ces raisons que s’est tenu samedi 17
octobre la première édition du Cretto
Earth Festival, au cœur de l’œuvre de Burri, véritable ville symbolique.
Pour l’occasion, les organisateurs du festival on réuni plusieurs artistes
italiens et internationaux.
Un son et lumière
fantôme
Inspiré par toutes ces occasions de célébration, le
directeur des arts de la commune de Gibellina, Giuseppe Zummo dit ‘Peppe’, a eu
une idée lumineuse : redonner vie au Cretto
grâce à une œuvre-performance impliquant art, installations visuelles, et musique,
ainsi que le public. Pour cela, il contacte deux artistes italiens, tous deux
napolitains : le sculpteur Giancarlo Neri, connu pour ses œuvres également
monumentales, et Massimo Passante, DJ et performeur.
La principale création au cœur de la soirée est une
performance participative, œuvre de lumières, sons et interprétée par mille
acteurs : le public lui-même. « L’art se fait par milliers » est
le sous-titre de AUDIOGHOST68, mis en scène par Giancarlo Neri avec le musicien
Robert Del Naja.
Né en 1955, Giancarlo Neri a vécu près de vingt à New York,
où il a commencé une carrière de footballeur professionnel avant d’entrer en
école d’art. Il est connu pour ses sculptures géantes, dont The Writer (Lo Scrittore) présenté à Rome et à Londres en 2005, ainsi que ses
magnifiques installations de lumière dont l’une a déjà été accueillie dans le Cretto di Burri. Il envisage cette fois
de mettre en place une performance incluant le public, où les spectateurs
porteront eux-mêmes les lumières du spectacle à travers les allées de la
sculpture recouvrant l’ancienne ville de Gibellina. Massimo ‘Max’ Passante a
quant à lui vécu des années à Brighton, dans le sud de l’Angleterre. Tous deux
ont comme ami commun Robert Del Naja, musicien et artiste de Bristol, membre
fondateur et âme du groupe Massive Attack. Giancarlo et Max ont alors contacté
Robert, dont Peppe est un grand admirateur, pour réaliser la création sonore de
leur projet pour Gibellina et l’idée d’AUDIOGHOST68 est née au cours de l’été
2015.
Consulté à partir de la première idée de Giancarlo mêlant
lumière et public participatif, Robert Del Naja suggère de créer un
« programme radio fantôme », une bande-son réunissant les musiques et
émissions de l’année 1968, où tout s’est arrêté à Gibellina. « La colonna sonora », bande
originale de l’œuvre vivante, est diffusée sur plus de 250 postes de radio,
installés dans toutes les allées du Cretto,
parcouru par le soir de la performance par près de 2000 personnes munies d’une
lampe torche sur le front. Elles illuminent ainsi de l’intérieur l’œuvre qui
reprend vie à travers ses souvenirs sonores.
De Ennio Morricone au ‘Revolution’ des Beatles, en passant par des opéras italiens et des extraits de films et de journaux américains et siciliens, l’année 68 se déroule pour une heure depuis ces transistors. La soirée s’est ensuite poursuivie par un DJ set très britannique de Max Passante et une performance époustouflante du duo italien Percussion Voyager, qui joint un orchestre de percussion à sa playlist, déployant des trésors d’énergie.
« Nous voulions rendre hommage à cette grande œuvre, au
grand artiste qui l’a créée, avec un travail collectif qui soulignerait encore
sa grandeur avec un milliers d’entre nous », ont expliqué les artistes.
Les centaines d’habitants de la nouvelle ville se promenant
ainsi dans les allées du Cretto aux sons si émouvants des radios ont ainsi pu
communier avec ce passé pour mieux le transcender. Chef d’œuvre absolu.
Lien vers le site Toute la Culture : http://toutelaculture.com/non-classe/audioghost68-ou-redonner-vie-au-village-oeuvre-dart-dalberto-burri/
Lien vers le Musée Guggenheim : http://www.guggenheim.org/new-york/exhibitions/on-view/alberto-burri-the-trauma-of-painting
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Autres photos :
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Good job Melissa Chemam. Greetings from Tracce Cahiers d'Art art mag
ReplyDeleteThank you very much! Grazie mille.
DeleteAll the best