10/06/2016

Africa calling


Bonjour aux lecteurs de ce blog...
Un petit mot en français pour changer.
Et quelques articles que j'ai écrit récemment sur l'environnement en Afrique pour le blog du site Djouman.com.

Quelques projets pourraient d'ailleurs me ramener sur le continent prochainement. A suivre.


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Assemblée des Nations Unies pour l’environnementle 06/06/16


Le sommet des Nations Unies pour l’Environnement s’est tenu du 23 au 27 mai à Nairobi, au Kenya, siège du Programme de l’ONU pour l’Environnement (le PNUE). Il s’est déroulé en présence de tous les ministres de l’Environnement des pays membres de l’ONU, de hautes personnalités et de plus de 1.300 délégations, soient plus de 3000 participants. Le but de cette réunion était de prolonger le travail de la COP21 pour l’environnement et de faire respecter les objectifs de l’Agenda 2030 pour le développement durable, un agenda qui a notamment pour but la protection des milieux marins et des ressources aquatiques.

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Les milliers de participants ont discuté de la pollution atmosphérique ou encore du commerce illicite des espèces sauvages à l’occasion de cette Assemblée, considérée par de nombreux acteurs comme le « Parlement de l’Environnement ».
L’Assemblée de l’ONU pour l’environnement (ANUE) a été créée lors de la conférence des Nations Unies sur le développement durable en 2012, pour renforcer et rehausser le rôle du PNUE. L’ANUE est depuis le principal organe directeur du PNUE et a le mandat de prendre des décisions stratégiques, apporter des orientations politiques au travail du PNUE et promouvoir une forte interface entre la science et la politique.
« Le monde doit saisir cette opportunité pour examiner et accélérer les progrès vers un avenir meilleur et plus vert pour tous », a déclaré le Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), Achim Steiner. « L’ANUE fournit au monde une chance de s’unir dans une lutte commune contre les forces de la faim, de la pauvreté, des changements climatiques et des dommages environnementaux. Nous devons utiliser la deuxième édition de l’ANUE pour montrer que nous pouvons aller assez vite et assez fort pour créer une planète saine, avec des gens en bonne santé, en ne laissant personne de côté », a ajouté Achim Steiner.
Le PNUE a réclamé « un avenir plus vert pour tous ». Et 25 résolutions ont été adoptées : elles ont pour but d’obliger les gouvernements, les entreprises privés et la société civile à renforcer leur agenda écologique, en luttant contre la pollution des océans et de l’air notamment, mais aussi contre le braconnage qui décime la faune mondiale et pour encourager le rôle de leaders de communauté et celui des femmes dans la protection de l’environnement. Sept moniteurs de la pollution de l’air vont aussi être installés à Nairobi, au siège du PNUE. La question de la pollution des eaux a également été largement évoquée.
En Afrique de l’Est par exemple, l’enjeu de la protection des eaux est particulièrement important, alors que les côtes de l’Océan indien et du Lac Victoria, entre autres, vivent de la pêche et du tourisme balnéaire. Le gigantesque Lac Victoria fait ainsi vivre plusieurs dizaines de millions de personnes, au Kenya, en Tanzanie et en Ouganda. Mais son écosystème est mis en danger par la pollution et la surpêche ; la biodiversité diminue. Mettre un frein à cette pente négative repose souvent entre les mains des acteurs locaux du secteur, pour la pêche comme pour le tourisme.
Si certaines ONG craignent de nouvelles promesses sans lendemain, pour les experts, ces engagements sont tangibles. Greenpeace International a par exemple souligné « un pas en avant important pour le PNUE », qui se fait « de plus en plus entendre » au sein du système des Nations Unies, selon l’ONG environnementale.
Pour rappel, la première session de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement avait eu lieu en juin 2014 à Nairobi. Ce sera ensuite au tour du Maroc d’accueillir en novembre prochain la 22ème Conférence des parties à la Convention Cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP22) à Marrakech.

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Préserver la forêt de la Casamance au Sénégal
Entre initiatives de reforestation et normes de protection des zones boisées, institutions internationales, ONG et Etats tentent de lutter contre la diminution des espaces forestiers, aux quatre coins du monde. Mais malheureusement, la lutte est rude. En Afrique, de nombreuses forêts restent menacées, comme en Casamance, au Sénégal, et les efforts nécessaires pour limiter les dégâts sont parfois immenses.
La région la plus boisée du Sénégal se trouve en Casamance, mais elle est tristement menacée de disparition. D’ici deux ans seulement selon une étude dirigée par l’ancien ministre sénégalais de l’Environnement, Haidar El Ali.
Située près de la frontière gambienne, à l’extrême sud du Sénégal, la forêt de Medina Yoro Foula a déjà perdu plus d’un million d’arbres depuis 2010, selon l’étude, et les autorités gambiennes et sénégalaises seraient responsables de la dégradation de la situation selon le rapport.
« Le pillage de la forêt en Casamance a atteint un seuil de non-retour et d’ici deux ans, ce sera trop tard », a affirmé à la presse Haidar El Ali, fin mai 2016. « Nous tirons la sonnette d’alarme. Le Sénégal a perdu plus d’un million d’arbres depuis 2010 tandis que les exploitants basés en Gambie ont empoché près de 140 milliards de francs CFA (21 millions d’euros) en exportant ce bois vers la Chine où la demande de meubles a explosé ces dernières années ».
Militant écologiste de longue date, l’ancien ministre de l’Environnement a de nombreux documents photographiques et vidéo pour étayer ses révélations. Il mentionne notamment l’explosion des importations de bois provenant d’Afrique via des statistiques des douanes chinoises, désormais élevé au rang de « pillage ». Une contrebande qui se fait, selon lui, avec la complicité « d’exploitants et de Chinois mafieux qui installent le désert dans notre pays » mais aussi de Gambiens et de Sénégalais…
La destruction des forêts risque de plus de diminuer drastiquement la fertilité des sols, entraînant aussi une chute du taux de précipitations, impactant également l’agriculture et le tourisme, et ce « dans l’une des régions les plus pauvres du pays », insiste le militant écologiste. Il ne faut pas oublier de rappeler que la région de la Casamance est confrontée depuis 1982 à une rébellion armée menée par le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), et que ce conflit encourage les trafics…
Seulement l’urgence de lutter contre ses trafics et la surexploitation ne doit pas être vaincue par la résignation. « Ce n’est pas un combat facile parce que les intérêts en jeu sont énormes », insiste Haidar El Ali. « Le gouvernement sénégalais ne met pas les moyens » pour juguler le phénomène, a ajouté l’ancien ministre, qui estime pourtant qu’il s’agit « d’une question de volonté politique ».
Heureusement, si l’Etat sénégalais ne semble pas avoir pris conscience de l’ampleur et de l’imminence des dégâts, des initiatives privées redonnent espoirs aux Casamançais. L’Association pour la Protection de l’Environnement au Sénégal (APES) a ainsi inauguré en 2008 le Casamance Ecoparc, un projet qui se veut un champ d’expérimentation des espèces végétales et des plantes en disparition. Son but est de sauvegarder plus de 32 ha de forêt par le biais d’une protection efficace. Comme M. El Ali, l’association recommande la création dans chaque village de Casamance de « poumons verts », des réserves forestières. Les étudiants de l’université de Ziguinchor pourraient venir y étudier la faune et la flore afin de mieux les comprendre et de mieux les préserver.
Augustin Diatta, à la tête de ce projet, veut sauver une partie de forêt endémique sur le littoral sud-ouest du Sénégal, près de Diembereng en Basse Casamance. Augustin et son association « ont déjà sécurisé les droits légaux pour la forêt et l’ont ainsi sauvée de la spéculation foncière », expliquent les représentants du projet. Ils en appellent à l’aide financière pour protéger durablement la forêt. « Pour notre communauté rurale, il s’agit d’un partenariat gagnant – gagnant entre nature, tourisme et économie », selon Augustin.
Entrepreneur sénégalais, propriétaire d’un campement touristique en Casamance, il s’est engagé il y a 5 ans dans la réalisation de son projet d’Ecoparc avec l’aide de sa famille et de ses amis. « Pour nous la forêt est sacrée. En plus, ses fruits nous apportent depuis des générations une importante valeur nutritive et médicale. La forêt nous permet aussi d’attirer un tourisme écologique et responsable, ce qui fait prospérer notre économie locale », conclut Augustin.
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Pour une Italie plus africaine 

Il y a quelques jours a eu lieu à Rome la première Conférence ministérielle Italie – Afrique (le 18 mai 2016). En marge des discussions sur la lutte antiterroriste, les débats ont aussi mis l’accent sur une question qui pourrait se révéler cruciale pour le continent : le développement rural et la croissance par l’agriculture.
« Investir dans le développement rural permettra de stabiliser les communautés africaines », a déclaré le Président du Fonds international de développement agricole (FIDA) à la conférence ministérielle Italie – Afrique. Pendant deux jours, la coopération entre l’Italie et l’Afrique était au centre des débats à Rome et les ministres de 50 pays africains étaient présents.
Les liens entre le continent africain et l’Italie sont plus que jamais en cours d’approfondissement. La situation géographique de l’Italie, les questions migratoires et la gestion des ressources en Méditerranée sont aujourd’hui centrales. A la tribune de la Farnesina, bâtiment du ministère italien des Affaires étrangères, en bordure de Rome, les ministres ont mis en valeur le besoin de proximité. « De par sa condition géographique, son histoire et sa culture, l’Italie est un pont entre l’Afrique et l’Europe. C’est un pont libre de tous les préjugés, respectueux de la spécificité des interlocuteurs et prêt au face-à-face pragmatique et ouvert », a souligné le président italien, Sergio Mattarella.
C’est avec l’Afrique que l’Italie entend lutter contre les défis qui s’imposent aux deux continents, selon lui, pour la croissance économique mais aussi contre la menace du terrorisme, le mouvement de l’Etat islamique ayant pris pied en Libye, à 300 kilomètres de l’Italie. Rome veut donc faire de l’Afrique sa première zone de référence, selon le ministre des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni, car « l’Afrique est tout, sauf un continent perdu », a-t-il soutenu.
« L’instruction, la formation, l’acquisition et la valorisation des compétences par la population, à commencer par la population féminine, dont le potentiel ne s’est pas encore largement exprimé, et par les jeunes, constituent les objectifs vers lesquels nous pouvons et devons tendre ensemble dans la recherche commune d’un développement durable et inclusif », a ajouté le président. Un discours positif et prometteur dans le contexte tendu de la crise des réfugiés et le rejet des migrants par la plupart des pays de l’Union européenne.
Dans ce cadre, l’un des discours les plus constructifs fut celui du Président du Fonds international de développement agricole (FIDA), Kanayo F. Nwanze. Soulignant le rôle fondamental du développement rural dans la stabilisation des communautés et dans la réduction des impacts du changement climatique et de la migration, le Président a défendu l’importance de l’investissement dans l’agriculture, et notamment l’agriculture familiale.
Organisme spécialisé des Nations Unies dont le siège est à Rome, le FIDA investit dans les populations rurales dans le but de réduire la pauvreté, d’accroître la sécurité alimentaire, d’améliorer la nutrition et de renforcer leur résilience. Depuis 1978, il a octroyé 17.7 milliards de dollars sous la forme de prêts à faible taux d’intérêt et de dons en faveur de projets qui ont touché quelque 459 millions de personnes.
« Le FIDA et l’Italie sont convaincus qu’un secteur agricole dynamique dépend de l’agriculture à petite échelle – et que les petits exploitants ont un rôle crucial à jouer dans la sécurité alimentaire, la nutrition, et la réduction de la pauvreté », a déclaré Nwanze. « L’Italie a une longue histoire d’investir dans le développement de l’Afrique sub-saharienne, où va également presque la moitié des financements du FIDA ».
Lors de son discours ouvrant la session intitulée « La durabilité économique: Italie et l’Afrique », le Président du FIDA a également parlé du rôle crucial que les investissements dans l’agriculture peuvent jouer dans le développement des économies africaines et dans la création des opportunités pour les quelques 224 millions de jeunes africains qui seront à la recherche d’un emploi au cours de la prochaine décennie.
L’Italie est le cinquième contributeur aux ressources du Fonds international de développement agricole, avec une participation accumulée d’un montant de 509 millions USD. En plus de ses contributions régulières, l’Italie a mobilisé environ 60 millions de dollars supplémentaires et cofinancé des initiatives spécifiques dans des domaines thématiques et géographiques ponctuels. Depuis 1994, la moitié des fonds supplémentaires donnés par l’Italie ont été utilisés pour promouvoir de la sécurité alimentaire en Afrique sub-saharienne, notamment en Mauritanie, au Libéria, au Ghana, au Burkina Faso, au Kenya, en Sierra Leone, au Niger, en Guinée Bissau, et en Guinée.


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