ROCK IN JOHANNESBURG
14 oct. 2013
Mélissa Chemam
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Dans le cadre de la Saison sud-africaine en France, la Gaîté Lyrique a reçu
quatre groupes de Johannesburg samedi 12 octobre, pour un concert consacré aux sons
de la scène rock d’Afrique du Sud. Reportage avec Motèl Mari, The Brother Moves
On, Desmond and the Tutus et BLK JKS.
Mélissa Chemam.
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Quatre groupes,
deux nouveautés et deux valeurs sûres. Comme disaient eux-mêmes les musiciens
sur scène, La Saison sud-africaine en France a ainsi présenté une affiche rare,
impossible à réunir à Johannesburg ! Parmi les deux découvertes, Motèl Mari
et The Brother Moves On, le premier groupe représente le mieux la mixité et les
tendances nouvelles issues de la mégapole sud-africaine. Avec deux musiciens de
Johannesburg, également membres de la formation BLK JKS, et un
auteur-compositeur new-yorkais, Motèl Mari a créé une musique indéfinissable,
empreinte de musique électronique et de lyrisme, tout en s’ancrant dans des
rythmes africains…
Pour le
compositeur, Joao Orecchia, c’est Johannesburg qui est le lien entre toutes ces
influences :
‘On s’est rencontré à Johannesburg, nous le
disions sur scène, nous sommes tous amis, je suis allé aux concerts de ces
groupes et en parlant, on est devenus proches. Et puis je leur ai demandé
de jouer sur mon dernier album solo et
ils ont commencé à m’accompagner sur scène. Et là j’ai senti que nous
commencions à former un vrai groupe. Nous avons choisi le nom de Motèl Mari et
sorti cet album, ‘Eternal Peasant’.’
Mais quand il
s’agit de rentrer dans une catégorie, les musiciens bottent en touche…
Mpumelelo Mcata,
guitariste de Motèl Mari et BLK JKS, autodidacte et pur produit de
Johannesburg, reconnaît avoir des racines profondément africaines mais met en
avant le côté universel de son travail musical :
‘On vient de Johannesburg et on fait de la
musique. Et nous faisons de toute évidence partie du ‘village global’, on court
après les avions, on joue jusqu’à Paris, mais aussi à New York où nous sommes
connus comme DJs, et puis en plus il y a l’internet…’
Joao ajoute qu’en
tant que musiciens, la question de l’identité et l’origine ne se pose pas. Une
évidence pour cet artiste de Brooklyn né d’un père italien et d’une mère
péruvienne, installé à Johannesburg depuis 2004 :
‘Ce qu’il y a de spécial à Johannesburg, c’est que
la ville commence à prendre sa place dans le monde parmi les autres grandes
villes comme New York, Paris, Londres, et Pékin, et nous y avons accès à
beaucoup de choses, d’influences, et nous n’avons pas a nous fermer à quoi que
ce soit. Tout cela entre ici et nous influence sans que nous y pensions spécialement et nous restons
ouverts à toutes les influences’.
Parmi les deux
têtes d’affiche de cette soirée, on retrouve aussi le groupe de rock Desmond
and the Tutus. Originaires de Pretoria, ces quatre musiciens afrikaners vivent
et travaillent à Joburg depuis 8 ans et représentent la tendance indie-pop de
cette jeune scène sud-africaine.
Très présents sur
les scènes sud-africaines, mais aussi en Europe et au Japon, ils sont connus
aussi bien pour leur humour que pour leur nom inoubliable, comme l’explique le
chanteur, Shane Durrant :
‘Notre nom, il vient d’abord de cette recette
magique qui fait qu’on peut prendre un nom célèbre et le transformer en nom de
groupe en ajoutant ‘et les’ entre le prénom et le nom ! On a longtemps
cherché un nom, un soir, tous ensemble, et on a voté pour Desmond. Ca sonne
bien, et cela nous a porté chance. Je ne dirais pas qu’on l’a choisi pour des
raisons politiques, mais en y repensant, évidemment cela a une connotation très importante pour nous.
Desmond Tutu est un homme admirable, qui se bat pour ses valeurs et qui a
beaucoup fait pour le pays, c’est une super référence pour nous’.
Desmond and the
Tutus, c’est le son rock de la soirée – qui a d’ailleurs influencé beaucoup
d’autres groupes, comme The Brother Moves On, le troisième groupe invité…
Le guitariste de
Desmond and the Tutus, Douglas Bower, reconnaît en cela que leur succès est dû
à un mélange d’influences…
‘Nos références sont des musiciens comme Johnny
Clegg, Michael Jackson – si vous
écoutez attentivement, vous pouvez
même l’imaginer sur scène en nous écoutant ! – on pense à James Brown et
Franz Ferdinand, il y a beaucoup de références musicales’.
Tout comme
Desmond and the Tutus, le groupe BLK JKS est très connu à Johannesburg. Ils
jouent depuis dix ans déjà, et ont influencé un grand nombre des groupes qui
montent en Afrique du Sud. Il semble donc incontournable pour une soirée
consacrée au Rock sud-africain.
Pour Tshepong Ramoba,
le batteur du groupe, qui fait aussi partie du projet Motèl Mari, les origines
sud-africaines de sa musique sont cruciales :
‘Ce qui m’inspire
par exemple, ce sont les histoires que ma grand-mère ou ma mère par exemple me
racontaient. Etant d’Afrique du Sud, à notre âge surtout, ce sont nos parents
qui ont connu l’apartheid, ils étaient jeunes dans les années 1970. Quand nous
sommes nés, tout cela, nous sommes nés dedans, nos parents nous en parlaient et
nous donnaient des conseils, et puis quand Mandela a été libéré, nous étions
encore très jeunes. L’essentiel de notre vie, nous l’avons passé dans la
Johannesburg ‘normale’, celle que nous connaissons aujourd’hui. Donc ce passé,
malgré tout, nous ne le connaissons pas directement, nous n’étions pas là…’
Mais pour Mpumelelo
Mcata aussi, ce passé à une grande importance, surtout en tant qu’artiste. Et
c’est ce qui fait de la musique une affaire politique malgré elle en Afrique du
Sud, selon lui…
‘Nos ancêtres et
nos parents ont été connectés à un mouvement très spécial. Donc nous aussi. Et
l’on devrait tous savoir qu’on a un rôle à jouer. Mais quand on ne s’implique
pas, en politique par exemple, on s’implique quand même politiquement en
refusant de s’impliquer, c’est toujours une décision politique. Le personnel
devient ainsi politique. Et donc je pense que ce que nous faisons est toujours
une déclaration politique, et peu importe qui nous sommes, il faut le
reconnaître’.
Au bout de quatre
heures de musique live, les quatre groupes reprendront donc des routes
différentes, vers l’Europe et l’Afrique australe, en espérant tous se retrouver
enfin un jour sur la même scène à Johannesburg.
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Et le lien du reportage dans LA BANDE PASSANTE sur RFI : http://www.rfi.fr/emission/20131015-1-nasser
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