10/10/2013

Soweto en mouvements


Spectacles / Danse
9 octobre 2013, Par Mélissa Chemam
Sur Toute la Culture : 


Affiche du spectacle Mamela Nyamza et les Kids de Soweto - Cliquer pour agrandir, ouverture dans une nouvelle fenêtre


 Soweto en mouvements


 C’est au tour du Musée du Quai Branly d’accueillir en son théâtre un des spectacles de la Saison sud-africaine en France 2013. Avec Mamela Nyamza et les Kids de Soweto, le musée « où dialoguent les cultures » et arts d’Afrique, Océanie, Asie et Amériques n’est pas en reste. En une heure intense et puissance, les cinq danseurs du célèbre quartier de Johannesburg, Soweto, et la chorégraphe, enflamme la scène, surprennent et ravissent. Epoustouflant !


 Le spectacle démarre sur les sons des sifflements d’hommes, des sifflements si forts, si mélodieux, qu’on croirait à la fois un ballet d’oiseaux et un gang à la West Side Story. Arrive alors sur scène une troupe de cinq danseurs. Ce sont les Soweto’s Finest, les ‘meilleurs de Soweto’. Soudés comme les cinq doigts de la main, il entame une répétition d’un style hors norme, inspiré de break danse, de danse contemporaine et de mouvements urbains jaillis des faubourgs de Johannesbourg, dont le fameux ‘Sbuja’, mené par un leader charismatique autant que tyrannique. Chaussés de baskets ou Converse, attifés t-shirt colorés et jeans à la mode new-yorkaise, les cinq corps s’emballent, de prouesses en déferlements d’energies. Arrive ensuite le corps longiligne et gainé de skaï noir de la chorégraphe Mamela Nyamza et commence alors une histoire. Dans un antagonisme permanent entre hommes et femme, puissants et faibles, leaders et suiveurs, le ballet oscille de l’excès à la parcimonie, de la brutalité à l’extrême lenteur, avec une virtuosité tellement soudaine qu’elle ravit.

La chorégraphie de ce spectacle qui mêle danse, jeu, cris, chants et théâtralité a été conçue par la célèbre performeuse Mamela Nyamza, formée au Cap puis à Pretoria et à New York, et Thomas Bongani Gumede, membre et leader du Soweto’s Finest de 26 ans, un des créateurs du Sbuja, ce mélange de styles aux influences traditionnelles zouloue, tsonja, tswana et de pas très inspirés de la scène noire américaines des années 1980, Michael Jackson et la chorégraphie empreinte de violence contenue de Bad étant explicitement citée sur scène, en mouvements comme en paroles. Le tout raconte une histoire de confrontation, entre un groupe et un individu, entre des hommes et une femme, de compétition aussi. 

La chorégraphe entre en effet d’abord sur la scène pour interrompre la répétition des Kids, comme un prof qui prendrait de haut cette danse venue des bas-fonds. Mais rapidement, les mouvements saccadés et surhumains des garçons donnent une leçon à la danseuse d’une autre époque, car le Sbuja, avec la mobilisation de chaque partie du corps, des bras aux épaules en passant par les pieds et l’expressivité du visage. Le rapport de force s’inverse et la femme se voit obligée de démontrer son talent dans une compétition de virtuosité. Quand la musique adéquate démarre, l’énergie et la virtuosité des mouvements emportent littéralement la salle. Puis, dans un travail évident sur le rythme, les pauses et les silences amènent une tension qui bouleverse l’atmosphère et entraîne le débat encore ailleurs. Un peu plus tard, c’est en figure maternelle que revient la danseuse, toujours pour éteindre les ardeurs, allant jusqu’à porter chacun des cinq Kids ou les embrasser avec empressement comme de petits enfants dont on est si fier…

Travail sur la place de la féminité autant que sur l’incompréhension des générations pré- et post-apartheid, cette chorégraphie balaie tout sur son passage, tout en jouant énormément sur l’humour et les références traditionnelles sud-africaines. Le tout résulte en un ravissement dont les soixante minutes se révèlent bien brèves. On en redemande et la salle ovationne.  

Il reste deux soirs pour courir au Quai Branly ! A noter que jeudi 10 octobre, le spectacle sera suivi d’une rencontre avec les danseurs. Le spectacle sera également présenté  à Lyon, Chalon, et à la Filature de Mulhouse fin novembre. Et il sera possible de revoir  le Soweto’s Finest en région parisienne début 2014 lors des Rencontres hip hop 2014 à Suresnes.

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Musée du quai Branly
218, rue de l’Université  - 75007 Paris
Du 3 au 11 octobre
Jeudi, vendredi, samedi 20h ;
mercredi 19h ; dimanche 17h ; relâche lundi et mardi
15€ et 20€ // Abonnement 15€
Durée : environ 1h 

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