Les suites de la situation post-électorale
au Malawi : le pays va finalement faire recompter les bulletins de vote, après
la présidentielle contestée du 20 mai: la présidente Joyce Banda, donnée
battue, a tenté en vain de faire annuler le scrutin. Elle dénonce une série de
dysfonctionnements et de fraudes.
Sa décision d'annuler les élections
a été dénoncée par le candidat arrivé en tête selon les résultats partiels.
Le
président de la commission électorale du Malawi a refusé l'annulation du scrutin
et décidé lundi soir de geler provisoirement les résultats pour procéder à un
recomptage d'ici trente jours.
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Lundi soir, lors d'une conférence de
presse dans la capitale, le président de la Commission électorale
du Malawi, Maxon Mbendera, a assuré qu'un recomptage des voix serait effectué
dans 58 bureaux de votes, des bureaux qui ont enregistré plus de 100% de
participation...
Mais pour beaucoup, cet engagement
ne suffit pas.
Car les bureaux de votes comptant
plus de bulletins que d'électeurs inscrits seraient bien plus nombreux.
4000 bureaux de vote étaient ouverts
le jour de l'élection.
De plus, le recomptage ne peut pas
permettre de répondre aux questions essentielles : comment de telles fraudes
ont-elles été possibles? et quel camp en serait responsable?
Dans le principal quotidien du pays,
le NYASA Times, les éditorialistes demandent que les responsables de ce marasme
politiques soient désignés et les fraudeurs punis.
A ce jour, la MEC n’a publié que les
résultats de 31% des bureaux de vote, n’a reçu que 139 plaintes de la part des
partis politiques et n’a détecté des anomalies que dans 19 centres de vote sur
un total de plus de 1.300.
Le scrutin a connu des ratés spectaculaires :
problèmes d'organisation considérables, jusqu'à dix heures de retard dans
certains bureaux, vote le lendemain et jusqu'au surlendemain dans d'autres,
dysfonctionnement du système informatique de comptage de la commission
électorale obligeant à passer en mode manuel, et d'autres encore.
La
présidente Joyce Banda, arrivée 2ème selon les résultats contestés, a, elle,
tenté en vain de faire annuler samedi, en proposant un nouveau vote sans sa
candidature.
Anciennement
vice-présidente du pays, Joyce Banda est devenu chef de l'Etat sans élection
suite au décès du président Bingu wa Mutharika en avril 2012. Il était au
pouvoir depuis 2004 et critiqué pour dérive autocratique.
Son frère et ancien ministre des Affaires étrangères,
Peter Mutharika, 74 ans, est lui arrivé en tête des résultats très partiels
contestés.
Selon le spécialiste de la région
Jeffrey Smith, du Centre Robert Kennedy, les prochains jours devraient se
révéler décisifs sur la crédibilité de ce recomptage.
Selon lui, la société civile a fait
un travail remarquable sur la campagne, mobilisant les électeurs; elle a donc
les moyens de faire pression sur les dirigeants du Malawi pour qu'ils se
montrent à la hauteur.
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