TOUS LES MORTS SONT IVRES
de Oskar Władysław de Lubicz Miłosz
paru dans Les Sept Solitudes
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Tous les morts sont ivres de pluie vieille et froide
Au cimetière étrange de Lofoten
L'horloge du dégel tictaque lointaine
Au coeur des cercueils pauvres de Lofoten
Et grâce aux trous creusés par le noir printemps
Les corbeaux sont gras de froide chair humaine
Et grâce au maigre vent à la voix d'enfant
Le sommeil est doux au morts de Lofoten
Au cimetière étrange de Lofoten
L'horloge du dégel tictaque lointaine
Au coeur des cercueils pauvres de Lofoten
Et grâce aux trous creusés par le noir printemps
Les corbeaux sont gras de froide chair humaine
Et grâce au maigre vent à la voix d'enfant
Le sommeil est doux au morts de Lofoten
Je ne verrai très probablement jamais
Ni la mer ni les tombes de Lofoten
Et pourtant c'est en moi comme si j'aimais
Ce lointain coin de terre et toute sa peine
Vous disparus, vous suicidés, vous lointaines
Au cimetière étranger de Lofoten
- Le nom sonne à mon oreille étrange et doux.
Vraiment, dites-moi, dormez-vous, dormez-vous ?
- Tu pourrais me conter des choses plus drôles
Beau claret dont ma coupe d'argent est pleine.
Des histoires plus charmantes et moins folles ;
Laisse-moi tranquille avec ton Lofoten.
Il fait bon. Dans le foyer doucement traine
La voix du plus mélancolique des mois.
- Ah! les morts, y compris ceux de Lofoten -
Les morts, les morts sont au fond moins morts que moi.
Ni la mer ni les tombes de Lofoten
Et pourtant c'est en moi comme si j'aimais
Ce lointain coin de terre et toute sa peine
Vous disparus, vous suicidés, vous lointaines
Au cimetière étranger de Lofoten
- Le nom sonne à mon oreille étrange et doux.
Vraiment, dites-moi, dormez-vous, dormez-vous ?
- Tu pourrais me conter des choses plus drôles
Beau claret dont ma coupe d'argent est pleine.
Des histoires plus charmantes et moins folles ;
Laisse-moi tranquille avec ton Lofoten.
Il fait bon. Dans le foyer doucement traine
La voix du plus mélancolique des mois.
- Ah! les morts, y compris ceux de Lofoten -
Les morts, les morts sont au fond moins morts que moi.
Éditions André Silvaire
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