L’Etat reprend le camp de migrants de Grande-Synthe pour mieux le fermer
Le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, devait se rendre lundi 30 mai à Grande-Synthe (Nord) dans le camp de migrants de La Linière, construit cet hiver par Médecins sans frontières (MSF) et la municipalité dirigée par l’écologiste Damien Carême. L’Etat doit cosigner une convention qui lui redonne un pouvoir sur ce lieu dont il a combattu la création.
En changeant son fusil d’épaule et en octroyant 9,90 euros par migrant et par jour, l’Etat reprend la main sur ce lieu qui lui échappait, et en promet la fermeture. La convention prévoit que chaque cabane vide doit être vite démontée et qu’aucun migrant nouveau ne s’installera sans accord conjoint de l’Etat, de la mairie et de l’ONG. Aujourd’hui, selon la volonté de la commune et de MSF, les entrées étaient non filtrées… A terme, c’est la disparition du site qui est prévue, sans qu’elle soit datée.
« Offrir un accueil digne »
Les semaines à venir permettront de dire si le pari de faire disparaître ce camp est réaliste à court terme. MSF, qui a financé le lieu et reste propriétaire des cabanes en bois, souhaite « que si demain matin 300 personnes arrivent, on puisse les loger ». Franck Esnée, le chef de la mission MSF en France, rappelle que « c’est le rôle de ce camp, tant que le gouvernement ne s’est pas mis en capacité d’offrir un accueil digne aux migrants ». Cela impose que la commune ne démonte pas chaque cabane dès le départ d’une famille, comme l’Etat le souhaite.
A l’heure actuelle, sur les 380 abris de bois, 107 sont vides. Les nombreux passages en Grande-Bretagne ces dernières semaines et le départ de 30 personnes pour une demande d’asile ont fait passer les effectifs de 1 022 migrants à 757. Or, il est trop tôt pour dire si ces chalets vides seront rapidement démontés ou si l’Etat y acceptera, contraint et forcé, des locataires que le printemps pourrait voir arriver.
M. Carême a bien l’intention de conserver un volant de cabanes pour pouvoir abriter les réfugiés, plutôt que de voir se recréer un campement anarchique. Il se réjouit néanmoins que ce camp se réduise. « J’ai promis à mes administrés que ce serait provisoire. Grande-Synthe n’a pas vocation à accueillir indéfiniment des migrants. Mais nous ne précipiterons rien et s’il faut trois ou quatre années pour le fermer, nous nous donnerons ce délai », rappelle l’édile, qui souhaite en attendant faire de La Linière un nouveau quartier de sa ville et intégrer les résidents dans les activités culturelles.
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