03/04/2015

Kenya : comprendre les Shebabs - entretien avec Roland Marchal (CNRS / Sciences Po)




AFRIQUE

KENYA SOMALIE SHEBABS TERRORISME

Kenya: 147 morts dans l'attaque shebab de l'université de Garissa

mediaLes secours évacuent une étudiante blessée pendant l’attaque contre l'université de Garissa, revendiquée par les shebabs somaliens.CARL DE SOUZA / AFP
Au Kenya, l'assaut des forces de sécurité est terminé, selon le ministère de l'Intérieur. Le dernier bilan communiqué par les autorités fait état de 147 morts et plusieurs dizaines de blessés. Les shebabs somaliens ont très rapidement revendiqué l'attaque et la prise d'otages.




C'est un véritable carnage qui a eu lieu ce 2 avril au Kenya. Le dernier bilan de l'attaque au campus de l'université de Garissa, revendiquée par les shebabs somaliens, s'élève à 147, dont un policier, un militaire et deux des gardiens du campus. 80 autres personnes ont blessés, dont neuf sont dans un état critique. L'opération des forces de l'ordre est terminée. Ce bilan fait de cette prise d'otage le pire attentat commis sur le sol kényan depuis l'attaque contre l'ambassade américaine de Nairobi en 1998.
Jeudi, juste avant l’aube, quatre hommes armés de fusils mitrailleurs AK47 ont pénétré sur le campus de l'université de Garissa. Ces hommes, membres de la milice shebab ont ensuite pris en otage 400 étudiants environ, répartis dans six dortoirs. Ils ont libéré 50 musulmans, gardant captifs les chrétiens, racontent les journalistes présents sur les lieux. Les étudiants qui ont pu échapper au carnage ont raconté que les assaillants ouvraient le feu au hasard et tuaient tous ceux qu'ils croisaient.
Les forces de l'ordre sont arrivées environ une heure après le début de l'attaque et ont encerclé les bâtiments. Durant les quinze heures suivantes, policiers et militaires échangent des coups de feu avec les quatre terroristes avant de lancer un assaut final vers 22 heures. Dans les ultimes instants, plusieurs terroristes explosent avec leurs ceintures piégées sans que l'on sache précisément s’ils ont volontairement actionné leur engin. Plusieurs policiers sont blessés par ces explosions.
« La plupart des étudiant ont été tués avant même que la police n'arrive sur les lieux,rapporte Ahmed Kossa, un journaliste kényan de Star FM, une radio basée à Garissa. Ils sont morts à la suite de tirs à courte distance. Ceux qui ont pu s'échapper nous ont dit que les hommes armés étaient masqués et qu'ils ouvraient le feu au hasard sur les étudiants. Beaucoup de ces étudiants étaient en état de choc et ne comprenaient pas ce qui se passait sur le campus. Par ailleurs, beaucoup des personnes atteintes par les tirs se sont vidées de leur sang pendant le temps de la prise d'otage et en sont mortes. »
Les quatre assaillants tués
Dans la soirée, jeudi, le ministre de l'Intérieur, Joseph Nkaissery, affirmait que « les quatre assaillants [...] avaient tous été tués par les membres des forces de sécurité qui les ont abattus. Les terroristes portaient des explosifs qui ont détonné » lorsqu'ils ont été touchés.
Une prise d’otages par les shebabs visant des étudiants constitue une première, relève Roland Marchal, directeur de recherches au CNRS et chercheur à Sciences Po Paris.
En général, ce sont des actes militaires relativement simples, c’est-à-dire des lancers de grenades, des mines… Ils visent fondamentalement toutes les forces de l’ordre. […] Là on est quand même dans une démarche très différente puisqu’on s’attaque franchement à des civils et à des jeunes.
Roland MarchalDirecteur de recherches au CNRS et chercheur à Sciences Po Paris03/04/2015 - par Mélissa ChemamÉcouter
Depuis que l'armée kényane est en Somalie pour combattre les shebabs, le Kenya est exposé aux attaques de représailles. Une série de raids en juin et juillet de l'an dernier sur la côte kenyane avaient coûté la vie à près d'une centaine de personnes. On se souvient aussi de l'assaut lancé contre un centre commercial de Nairobi en 2013 faisant 67 victimes.
Pour Roland Marchal, avec cette action, la nouvelle direction d’al-Shebab envoie un signe fort aux autorités de Nairobi.
Depuis la mort d’Ahmed Godane en septembre 2014, le nouveau dirigeant, qui est issu de la région du Jubaland, frontalière avec le Kenya, a initié une campagne d’activités intenses dans cette région.
Roland MarchalDirecteur de recherches au CNRS et chercheur à Sciences Po Paris03/04/2015 - par Mélissa ChemamÉcouter
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