23/07/2013

Tunisie : D'où vient le Tamarrod tunisien



En Tunisie, le Premier ministre Ali Larayedh a répondu ce lundi aux demandes de dissolution de l'Assemblée nationale constituante émise par le mouvement Tamarrod. Ce mouvement s'est inspiré de mouvement de rébellion égyptien (tamarrod signifie rebellion en arabe), responsable des manifestations monstre contre l'ancien Président égyptien Mohamed Morsi.
Mais selon le chef du gouvernement tunisiens, ces exigences et ce mouvement même mettent seulement "en danger le processus démocratique" du pays.
Ali Larayedh a désigné ce mouvement comme une "chose copiée qui n'est pas claire", en référence au modèle de la campagne en Egypte ayant conduit à la destitution, le 3 juillet du président islamiste.
Décryptage du mouvement.

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Le Tamarrod tunisien a lancé le 4 juillet dernier une collecte de signatures pour réclamer la dissolution de la Constituante en Tunisie, selon son porte-parole, Mehdi Saïd.

Elue en octobre 201, cette Assemblée constituante n'a en effet toujours pas adoptée de Constitution.
Le groupe Tamarrod est né il y a à peine quelques semaines en Tunisie, courant juin, mais parle déjà de 870.000 signatures collectées, un nombre difficile à vérifier pour l'instant mais qui paraît élevé.
Le groupe se veut populaire, laïc et indépendant des partis.

Face à ce mouvement,

Si pour le gouvernement, le Tamarrod tunisien ne représente personne, au sein des autres partis tunisiens, la démarche interpelle.

 Wahid Jomaa est le Président du Conseil national Forum démocratique pour le travail et les Libertés - 'Ettakatol' - parti du Président de la constituante, et membre de la coalition au pouvoir. Il avoue comprendre les revendications de Tamarrod.

Wahid Jomaa – Ettakatol :

"Si cet appel a pour but d'accélérer le processus de travail de l'Assemblée constituante, nous sommes pour, surtout s'il s'agit vraiment d'un mouvement populaire, mais s'il s'agit de détruire ce qui a déjà été accompli, ce n'est pas la bonne voie. La Tunisie a besoin de finir sa constitution et sa transition démocratique".

Même réaction au sein du parti Nidaa Tounès, dans l'opposition, selon laquelle les Tunisiens ont besoin d'une nouvelle constitution.

Demande confirmée par Amira Yahyaoui, présidente d'Al Bawsala, une organisation non gouvernementale indépendante, issue de la société civile. Mais selon elle, le Tamarrod tunisien ne représente pour l'instant personne, ni politiquement ni sur le plan de la représentation populaire

Amira Yahyaoui, présidente d'Al Bawsala :

"Ce sont surtout des jeunes qui rêvent de reproduire le mouvement égyptien, mais il n'est pas populaire, ce sont des laïcs, antiislamistes, mais ils ne sont pas populaires et ne pourront jamais faire dissoudre l'assemblée".

Tentative de copie de l'élan du Tamarrod égyptien, le mouvement du même nom tunisien reste pour l'instant un épiphénomène.


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NB. 

La Tunisie est conduite par un gouvernement dirigé par les islamistes d'Ennahda. Ceux-ci se sont alliés à deux partis laïcs de centre-gauche mais ils doivent trouver une majorité beaucoup plus large pour faire adopter une nouvelle loi fondamentale. L'ANC est très critiquée notamment par l'opposition en raison de ses dysfonctionnements et le retard mis dans l'adoption de la Constitution et la mise en place d'institutions pérennes.


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Le lien audio :
https://soundcloud.com/melissa-chemam/tunisie-qui-est-derri-re-le



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