Au Zimbabwe, quelque 6 millions 400
000 Zimbabwéens sont appelés aux urnes mercredi pour des élections
législatives, municipales et présidentielle.
Aux côtés de 6000 observateurs
zimbabwéens, 600 observateurs étrangers superviseront ces élections générales.
La plupart d'entre eux sont
africains - 60 de l'Union africaine, le président Robert Mugabe ayant refusé la
présence d'observateurs occidentaux, suite aux sanctions appliquées contre son
régime depuis la crise de 2000.
A 89 ans, Robert Mugabe, est au
pouvoir depuis 33 ans - depuis l'indépendance du pays en 1980, et se présente
pour le 7ème fois.
Son principal rival est son Premier
ministre, Morgan Tsvangirai, avec lequel il forme une cohabitation houleuse à
la tête du pays depuis les dernières élections de 2008.
Alors que le parti au pouvoir la ZANU-PF n'envisage pas une
seconde de perdre ces élections, pour le MDC de Tsvangirai, le scrutin aurait
dû être reporté pour être mieux préparé et les preuves de fraudes sont omniprésentes.
Malgré tout, les élections
d'annoncent très disputés entre le ZANU PF et le MDC, et le monde se demande si
2013 pourra voir la fin de l'ère Mugabe au Zimbabwe.
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Les accusations de tentatives de
manipulations des scrutins se sont multipliées et l'opposition affirme avoir de
nombreuses preuves.
C'est le thème qui domine lorsqu'on
aborde ces élections.
Les
opposants et critiques du régime encourt le harcèlement de la police.
On
a pu voir dimanche que même les gouvernants ne sont pas à l'abris : le
ministre-adjoint des Transports, Morgan Komichi issu de l'opposition - le MDC,
a été arrêté chez lui après avoir révélé la découverte de bulletins au nom du
PM Tsvangirai dans les poubelles d'un bureau où le vote anticipé des agents de
sécurités s'est tenu les 14 et 15 juillet.
Le porte-parole du MDC, Douglas
Mwonzora l'a répété à plusieurs reprises, il a de nombreuses preuves de ces
manipulations.
Douglas Mwonzora, porte-parole du MDC :
" Ils ne l'ont pas arrêté parce
qu'il a fait quelque chose de mal, mais parce qu'il a fait quelque chose de
bien. Donc nous nous attendons à ce qu'il le garde en état d'arrestation. Cette arrestation a pour but d'écarter le
MDC. Nous avons des preuves de fraudes. Leur but est de faire peur aux
électeurs et de faciliter les manipulations des voix. "
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MANQUE DE PREPARATIONS
Selon tous les spécialistes du pays, le Zimbabwe de Robert Mugabe a
repoussé de nombreuses occasions de mettre en place des réformes démocratiques
nécessaires.
Même
la SADC - la Communauté d'Afrique
australe - s'accorde à le reconnaître.
Une nouvelle Constitution a été adoptée par
référendum en mars dernier mais elle n'a pas permis les changements
nécessaires.
International Crisis Group a publié un rapport hier
concluant qu'aucune des réformes nécessaires n'a été abouti et que les chances
que le scrutin soit biaisé en faveur de la ZANU-PF au pouvoir sont très élevées.
Pour le directeur de l'organisation en Afrique
Australe, Piers Pigou, cela est dû à une organisation précipitée du scrutin qui
devait originellement se tenir plus tard dans l'année.
Piers Pigou, le directeur de l'organisation International Crisis
Group en Afrique Australe
" Le Zimbabwe s'engage dans des
élections pour lesquels il est fondamentalement mal préparé. Le pays a
précipité le processus et n'a pas assez investi dans la construction
d'institutions stables et intègres qui permettrait des résultats rendant
possible un accord politique acceptable par tous."
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CRAINTES DE VIOLENCE ET DE NON
RESPECT DES RESULATS
Peut-on alors espérer un
scrutin transparent qui se déroule dans
le calme?
Lors du précédent scrutin, en 2008,
Tsvangirai avait obtenu 47% des suffrages, devant Mugabe.
Mais les partisans du chef de l'Etat
sortant avaient déclenché une vague de violences, faisant quelque 200 morts.
Face à l'urgence, Tsvangirai avait
retiré sa candidature pour le 2nd tour, et a été nommé Premier ministre dans
cette cohabitation difficile.
Pour empêcher le scénario de se reproduire,
600 observateurs étrangers seront déployés.
Robert Mugabe a pourtant exclus de
laisser entrer des obervateurs occidentaux, voici les raisons invoqués par son
porte-parole Rugare GUMBO:
Rugare Gumbo, porte-parole de la ZANU-PF :
"Nous sommes un pays
indépendant, un continent indépendant, nous avons ces organisations depuis
longtemps, l'Union africaine depuis 1963, la SADC depuis les années 1980, la COMESA depuis les années 80
aussi, nous savons faire depuis longtemps, on organise des élections depuis
1980, et non n'avons jamais vu d'erreur. Notre plus grand problème est que les
occidentaux pensent que la démocratie ne peut être atteinte que quand ils sont
impliqués dans l'organisation d'élections et selon moi cela est faux".
Et quand on demande à la ZANU-PF si le parti
acceptera les résultats en cas de défaite, le porte-parole répond que cela ne
peut pas arriver...
Rugare Gumbo, porte-parole de la ZANU-PF :
"Une défaite de Mugabe est
impossible, personne d'autre ne peut gagner au Zimbabwe, mais si cela devait
arriver, oui, si quelqu'un d'autre gagnait, cela irait, mais tout ce que nous
pouvons dire c'est que nous ne pouvons pas imaginer, nous ne pensons même pas
que qui que ce soit puisse remporter ces élections à part Robert Mugabe, et
avec une majorité écrasante".
Mais le MDC n'a pas voulu boycotté
l'élection et n'abandonnera pas en cours de route.
Selon le porte-parole de Tsvangirai,
la ZANU-PF
cherche à profiter de potentielles violences comme en 2008:
Douglas Mwonzora, porte-parole du
MDC :
"Nous sommes déterminés à nous
battre pour ces élections, nous sommes déterminés à battre le dictateur et nous
n'allons pas abandonner, non, ni nous retirer. Nous savons que la ZANU-PF se prépare déjà à
un second tour et ils n'hésiteront pas à encourager les violences durant
l'entre-deux-tours. Mais nous, nous ne voulons même pas envisager un second
tour".
Le MDC se dit sûr de remporter le
scrutin présentiel ainsi que la majorité au Parlement.
Il appelle la Communauté
internationale à aider à assurer la transition.
Leur programme : ramener le Zimbabwe
au sein de la communauté internationale et attirer des investissements
étrangers pour relancer l'économie.
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ECONOMIE
L'économie justement, c'est bien le
plus grand échec de la ZANU-PF .
La réforme agraire lancée en 2000 par le président
Robert Mugabe a exproprié les anciens
colons de leur ferme - et provoqué un spectaculaire effondrement de la
production agricole.
Les
partisans de Mugabe souligne qu'elle a permis l'émergence d'une classe de
fermiers noirs dont les conditions de vie se sont largement améliorées ; et le
pays compte deux fois plus de fermiers qu'avant 1980.
Mais
sur le plan des résultats, les conséquences négatives ont largement fragilisé
l'économie du pays, qui à son indépendance semblait avoir des atouts
conséquents tels ses sols fertiles et ses mines riches en diamants.
Fin
2008, l 'inflation
a atteint les 250 000 000% au point que le pays a dû abandonner sa monnaie et
recourir au dollar américain et au rand sud-africain.
En
plus des 4000 fermiers d'origines européens chassés du pays, on estime que 2
mio de Zimbabwéens ont quitté le pays pour trouver du travail à l'étranger.
Selon
Jeffrey Smith, chercheur sur le Zimbabwe au Centre Robert Kennedy pour la Justice et les Droits de
l'Homme, les questions économiques ont été au centre des rassemblements des
deux partis.
Jeffrey Smith :
"L'économie ne s'est clairement pas améliorée,
elle a reculé. Et cela est dû essentiellement à la ZANU PF et au président
Mugabe. Et ils ne sont pas dans la meilleure position pour améliorer
l'économie. De son côté, le MDC n'a pas encore fait ses preuves. Certes le
ministre des Finances et le secrétaire général du parti ont fait un bon travail
pour redresser le PIB depuis 2008, avec la dollarisation et la hausse des
investissements intérieurs.
Cependant, vu l'histoire du pays, je ne vois pasla ZANU PF mettre en place un
programme qui fonctionnerait au bénéfice de tous et pas seulement de ses
partisans".
Cependant, vu l'histoire du pays, je ne vois pas
NB.
La production agricole zimbabwéenne autrefois florissante reste très en dessous
de ses niveaux des années 1990.
Début 2013, le Programme
alimentaire mondial (PAM) estimait que 1,7 million de Zimbabwéens, soit un
cinquième de la population rurale, avaient besoin d'une aide alimentaire
d'urgence - dans un pays qui fut longtemps le grenier à blé de l'Afrique
australe.
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CONCLUSION
Le scrutin s'annonce malgré tout forcément serré...
Oui car Robert Mugabe reste populaire et incarne la
défense des droits des indigènes après des décennies de privilèges injustes. Il
faut rappeler que l'ex-Rhodésie du Sud n'a obtenu son indépendance par rapport
au Royaume-Uni qu'en 1980, après une lutte acharnée contre les anciens colons
restés dans le pays et qui rêvaient d'un modèle à la sud-africaine... Pour
certains, Mugabe incarne toujours cette Afrique combattante.
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