21/11/2012

Mali : Pour une solution politique (blog)



 sur le blog Défense globale

Dans un monde compliqué, l'actualité des relations internationales, de la défense et de la sécurité. Par Olivier Berger, grand reporter à La Voix du Nord.



Mali : une solution politique sans exclure la voie militaire


bruxelles.jpegAu fil des réunions et des sommets, africains ou européens, la perspective d'une intervention militaire au Nord Mali se précise patiemment tout en s'éloignant doucement. D'Alger à Bruxelles (notre photo, le conseil européen des Affaires étrangères-Défense lundi 19), en passant par New York, la volonté de trouver une solution politique, de "négocier avec les groupes armés non terroristes qui reconnaissent l'intégrité du territoire malien " se développe. La stratégie paraît claire. Il s'agit d'isoler Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et le Mouvement pour l'unification du jihad en Afrique de l'ouest (MUJAO) au profit d'un dialogue avec les Touareg du MNLA (Mouvement national de libération de l'Azawad) et d'Ansar Eddine. Bamako doit aussi entendre leurs revendications.

Le conseil européen des Affaires étrangères-Défense, qui s'est tenu lundi 19 à Bruxelles, propose quatre conditions au Mali pour qu'il puisse bénéficier d'un soutien financier et logistique : une feuille de route crédible et graduelle (la reprise définitive du pouvoir du politique sur les militaires), l'organisation d'élections au plus vite, un cadre de dialogue national ouvert (discuter avec le MNLA et Ansar Eddine), des enquêtes sur les exactions commises au nord comme au sud.
L'Union européenne a approuvé le concept d'opération mis sur pied par la Cédéao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest) lors du sommet d'Abuja le 11 novembre. Tout est à peu près réuni, avant une nouvelle résolution de l'ONU début décembre, pour que la mission de formation et de remise à niveau de l'armée malienne commence au début de 2013 (sans oublier la constitution d'une force de 3 300 hommes de la Cédéao).
Sur le modèle de l'EUTM (European Union Training Mission) pour la Somalie (formation de l'armée somalienne en Ouganda), la mission, dirigée par la France, représenterait 250 officiers et leur soutien. A des degrés divers (mais la position de la France sera dominante), l'Espagne, l'Allemagne, la Suède, la Pologne, le Royaume-Uni, la Finlande, la Pologne et peut-être le Canada sont susceptibles d'intégrer le programme de formation. Cette EUTM Mali aurait pour but de former quatre bataillons pour un total de 2 600 soldats maliens dans le camp de l'école interarmes de formation des officiers de Koulikoro (60 km au nord de Bamako, au bord du fleuve Niger).
Il s'agira de former des soldats mais aussi de... payer les soldes (de quoi les remettre en confiance !), d'approvisionner l'armée malienne en matériel moderne, en munitions, en carburant...
Pour l'ancien président du conseil italien, Romano Prodi, nommé par Ban Ki-Moon envoyé spécial de l'ONU pour le Sahel, une opération militaire ne peut être imminente. " Tous les experts sont d'accord pour dire qu'une intervention ne pourrait avoir lieu avant septembre 2013 ", a-t-il déclaré mardi à Rabat. Eviter de lancer une offensive durant la saison la plus chaude et remettre sur pied durant six bons mois l'armée malienne semblent être des objectifs plus sages... Tiens, on n'entend plus l'impatience française qui évoquait encore récemment une opération en mars.
Parallèlement ces dernières semaines, la voie de la négociation politique progresse. A Alger la semaine dernière, l'Italien Mario Monti a résumé l'enjeu d'une phrase : " Une solution politique sans exclure la voie militaire. " Le poids considérable de l'Algérie dans cette affaire se confirme.
Seulement, la situation à Bamako semble plus complexe, sur fond de rivalités entre le président par intérim, Dioncounda Traoré, le Premier ministre Cheick Modibo Diarra, les putschistes de mars... Or il faut d'abord consolider le pouvoir politique central, " présenter un front malien contre le terrorisme ", envisager sérieusement les revendications touarègues avant de partir chasser les groupes islamistes irréductibles qui sèment la terreur et la charia à Bamako, Gao et Kidal.
OL. B.
11:26

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