RCA -
Article publié le : samedi 07 décembre 2013 à 12:21 - Dernière modification le : samedi 07 décembre 2013 à 12:21
Mgr Nzapalainga: «La sécurité est assurée par les Français, la Seleka doit déposer les armes»
RFI : Vous êtes à Bangui, vous avez eu vent des dernières violences qui s'y sont passées dans la capitale. Selon vos informations, quels sont les détails de ces violences ?
Mgr Nzapalainga : Ces violences nous ont tous surpris tous car, alors que les populations centrafricaines des 7e et 4e [arrondissements] et aussi du côté de PK12, étaient endormies, nous avons entendu des rafales, des coups d’armes, et nous avons constaté que beaucoup de civils étaient en débandade : des enfants, des vieillards, des adultes. Tous, ont accouru vers les églises les plus proches.
C’est ainsi qu'en la paroisse Saint-Paul où je suis, nous avons accueilli les premiers civils qui sont venus. Et nous avons vu qu’il y avait des vieillards, des malades et tous ces enfants, qui ont accouru parce qu’ils fuyaient et avaient peur. C’est la psychose, la panique, à cause des attaques. Par la suite, on nous dira que c’est les anti-Balakas qui ont lancé des attaques contre les forces des ex-Selekas.
Selon nos informations, dans certains quartiers on rapporte que ces assaillants ont effectué du porte-à-porte, jusqu’à aller tuer certaines personnes qui leur ouvraient. Ils ont également commis des pillages. Est-ce que vous avez entendu les mêmes informations ?
En effet, nous avons assisté une fois de plus à des pillages encore, à des tueries, à des actes barbares. Des actes ignobles que nous pouvons dénoncer ici, et aussi même à la destruction d’une mosquée dans le 7e. Tous ces actes, nous ne pouvons que les condamner.
Pouvez-vous confirmer qui est, selon vous, derrière ces attaques ?
On nous parle des anti-Balakas qui ont lancé une attaque sur Bangui. Vous savez qu’il y a eu des ripostes de la part des Selekas ou ex-Selekas. Et de part et d’autre, il y a eu aussi des morts.
Certains ont voulu donner une tournure religieuse en détruisant la mosquée, pour montrer que cette attaque est orientée contre les musulmans. Or, les musulmans sont nos frères. Nous devons collaborer avec eux en souvenir de notre passé harmonieux. Je regrette que ce genre d’acte soit posé, parce que derrière la mosquée vous avez des sensibilités, vous avez des personnes humaines.
Il en va de même pour une église. Aucun musulman ne doit toucher à une église ni tuer quelqu’un dans une église. On doit plutôt respecter ce lieu d’adoration, de vénération. Et je pense que c’est le moment de lancer un appel à la retenue. Lancer un appel aussi au respect de l’autre, à travers sa croyance.
Suite à ces événements, Nicolas Guerekoyame, au sein de l’Alliance évangélique de Bangui, a déclaré craindre un carnage. Est-ce que vous partagez ses inquiétudes ?
Nous espérons que chacun aura à prendre la mesure de la gravité de la situation, pour ne pas nous laisser entrer dans ce genre de spirale de vengeance. Nous devons nous ressaisir.
Aujourd’hui, Nicolas, l’imam et moi-même, devant le président de la Transition, nous avons lancé des appels à l’apaisement. Et je pense qu’il est temps de donner la chance à nos frères, à nos sœurs, de regagner leur maison. Avec la venue des forces françaises de la Misca, nous espérons que les choses vont changer et que les populations civiles seront bientôt sécurisées et protégées.
Ces actes de violence concernent la capitale Bangui. Mais des tensions ont également été relevées dans le reste du pays, notamment à Bossangoa. Avez-vous pu entrer en contact avec les populations dans d’autres régions ?
En effet, j’ai eu des informations en provenance de Bossangoa qui m’attristent aussi, car il s’agit là aussi d'actes « posés ». Cela signifie l’incendie massif de plusieurs maisons. Nous condamnons aussi ce genre de comportement.
Derrière les maisons, ce sont des vies humaines. Je dénonce, je condamne aussi, ces actes qui ont été perpétrés par les éléments ex-Selekas ou Selekas. Nous n’en savons rien, mais toujours est-il que beaucoup de maisons ont été brûlées, on me parle de 425 [personnes] sans maison. Et c’est avec beaucoup d’indignation et de consternation que je condamne ce genre de comportement.
Vous avez pu rencontrer au sein de la plateforme interreligieuse du pays, le président de la Transition, Michel Djotodia. Que s’est-il dit et êtes-vous confiant sur l’intervention des autorités ?
Le président de la Transition a été clair. Désormais, la sécurité est assurée par les Français et la Misca. Il nous l'a dit de vive voix. [C'est ] Le message qu’il a lancé, je l'ai écouté.
Je pense que le moment est venu, pour tous ceux qui étaient des éléments de la Seleka, de déposer les armes, de regagner leur lieu de casernement. Tôt ou tard, on verra si certains ont une vocation militaire, on verra s’ils ont des aptitudes, si intellectuellement, ils ont des compétences, ils regagneront une armée.
Et ceux qui n’ont pas de compétences, on pourra les aider à se réorienter pour trouver un service où ils seront utiles à la société. Tous ne peuvent pas être militaires. Je pense qu’il serait temps de le dire, aux uns et autres, pour ne pas leur vendre des illusions.
Mgr Nzapalainga : Ces violences nous ont tous surpris tous car, alors que les populations centrafricaines des 7e et 4e [arrondissements] et aussi du côté de PK12, étaient endormies, nous avons entendu des rafales, des coups d’armes, et nous avons constaté que beaucoup de civils étaient en débandade : des enfants, des vieillards, des adultes. Tous, ont accouru vers les églises les plus proches.
C’est ainsi qu'en la paroisse Saint-Paul où je suis, nous avons accueilli les premiers civils qui sont venus. Et nous avons vu qu’il y avait des vieillards, des malades et tous ces enfants, qui ont accouru parce qu’ils fuyaient et avaient peur. C’est la psychose, la panique, à cause des attaques. Par la suite, on nous dira que c’est les anti-Balakas qui ont lancé des attaques contre les forces des ex-Selekas.
Selon nos informations, dans certains quartiers on rapporte que ces assaillants ont effectué du porte-à-porte, jusqu’à aller tuer certaines personnes qui leur ouvraient. Ils ont également commis des pillages. Est-ce que vous avez entendu les mêmes informations ?
En effet, nous avons assisté une fois de plus à des pillages encore, à des tueries, à des actes barbares. Des actes ignobles que nous pouvons dénoncer ici, et aussi même à la destruction d’une mosquée dans le 7e. Tous ces actes, nous ne pouvons que les condamner.
Pouvez-vous confirmer qui est, selon vous, derrière ces attaques ?
On nous parle des anti-Balakas qui ont lancé une attaque sur Bangui. Vous savez qu’il y a eu des ripostes de la part des Selekas ou ex-Selekas. Et de part et d’autre, il y a eu aussi des morts.
Certains ont voulu donner une tournure religieuse en détruisant la mosquée, pour montrer que cette attaque est orientée contre les musulmans. Or, les musulmans sont nos frères. Nous devons collaborer avec eux en souvenir de notre passé harmonieux. Je regrette que ce genre d’acte soit posé, parce que derrière la mosquée vous avez des sensibilités, vous avez des personnes humaines.
Il en va de même pour une église. Aucun musulman ne doit toucher à une église ni tuer quelqu’un dans une église. On doit plutôt respecter ce lieu d’adoration, de vénération. Et je pense que c’est le moment de lancer un appel à la retenue. Lancer un appel aussi au respect de l’autre, à travers sa croyance.
Suite à ces événements, Nicolas Guerekoyame, au sein de l’Alliance évangélique de Bangui, a déclaré craindre un carnage. Est-ce que vous partagez ses inquiétudes ?
Nous espérons que chacun aura à prendre la mesure de la gravité de la situation, pour ne pas nous laisser entrer dans ce genre de spirale de vengeance. Nous devons nous ressaisir.
Aujourd’hui, Nicolas, l’imam et moi-même, devant le président de la Transition, nous avons lancé des appels à l’apaisement. Et je pense qu’il est temps de donner la chance à nos frères, à nos sœurs, de regagner leur maison. Avec la venue des forces françaises de la Misca, nous espérons que les choses vont changer et que les populations civiles seront bientôt sécurisées et protégées.
Ces actes de violence concernent la capitale Bangui. Mais des tensions ont également été relevées dans le reste du pays, notamment à Bossangoa. Avez-vous pu entrer en contact avec les populations dans d’autres régions ?
En effet, j’ai eu des informations en provenance de Bossangoa qui m’attristent aussi, car il s’agit là aussi d'actes « posés ». Cela signifie l’incendie massif de plusieurs maisons. Nous condamnons aussi ce genre de comportement.
Derrière les maisons, ce sont des vies humaines. Je dénonce, je condamne aussi, ces actes qui ont été perpétrés par les éléments ex-Selekas ou Selekas. Nous n’en savons rien, mais toujours est-il que beaucoup de maisons ont été brûlées, on me parle de 425 [personnes] sans maison. Et c’est avec beaucoup d’indignation et de consternation que je condamne ce genre de comportement.
Vous avez pu rencontrer au sein de la plateforme interreligieuse du pays, le président de la Transition, Michel Djotodia. Que s’est-il dit et êtes-vous confiant sur l’intervention des autorités ?
Le président de la Transition a été clair. Désormais, la sécurité est assurée par les Français et la Misca. Il nous l'a dit de vive voix. [C'est ] Le message qu’il a lancé, je l'ai écouté.
Je pense que le moment est venu, pour tous ceux qui étaient des éléments de la Seleka, de déposer les armes, de regagner leur lieu de casernement. Tôt ou tard, on verra si certains ont une vocation militaire, on verra s’ils ont des aptitudes, si intellectuellement, ils ont des compétences, ils regagneront une armée.
Et ceux qui n’ont pas de compétences, on pourra les aider à se réorienter pour trouver un service où ils seront utiles à la société. Tous ne peuvent pas être militaires. Je pense qu’il serait temps de le dire, aux uns et autres, pour ne pas leur vendre des illusions.
Pour écouter l'entretien sur RFI.fr :
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