La Haye, jeudi 13 novembre 2014, 12h
Deuxième et dernière journée des déclarations finales dans le procès Jean-Pierre Bemba à La Haye devant la CPI. La journée d’hier a été marquée par un long résumé des témoignages étayant les cinq chefs d’accusation qui pèsent contre lui dont viols, meurtres et pillages. L’accusation a joué son va-tout pour peser de tout son poids sur la décision des juges, dans la dernière ligne droite d’un des plus longs procès de la CPI. C’est depuis ce matin au tour de la Défense de plaider.
Mélissa Chemam.
La journée a démarré par la
dernière partie des déclarations de la représentation des victimes.
L’avocate centrafricaine Marie
Douzima-Lawson a rappelé que leurs témoignages montrent le règne de la terreur
exercé par les soldats congolais du MLC sur les civils. Elle a insisté
également pour rappeler que ces combattants ne pouvaient être confondus avec
des soldats centrafricains : les Congolais parlaient lingala, ont rapporté
les victimes, ils portaient des habits et uniformes disparates, etc.
La Défense a ensuite pris la
parole.
Elle plaide depuis 2012 que
Jean-Pierre Bemba ne pouvait pas être aux commandes des mouvements de ses
soldats sur place en Centrafrique, depuis la RDC où il est resté basé.
Le britannique Peter Haynes est
désormais son défenseur principal depuis qu’Aimé Kilolo a été arrêté pour
tentatives de subornation de témoins et de falsification de preuves...
Visiblement très à l’aise, il a souligné d’abord que la décision de la Cour devra faire
jurisprudence en ce qui concerne les interventions d’une armée dans un autre
pays en conflit.Il a surtout accusé l’accusation de manipuler les arguments de témoins, dénonçant l’absence de plainte des mois après les faits. Selon lui, l’accusation a d’ailleurs changé d’argumentations, accusant au départ Ange Félix Patassé d’être co-cauteur des crimes, puis renonçant à cet argument.
Selon lui enfin, il n’est pas possible de diriger des soldats dans un pays étrangers, à des milliers de km avec un simple téléphone satellitaire.
Les troupes congolaises s’étaient rendues en Centrafrique pour aider le président de l’époque, Ange-Félix Patassé, à combattre un soulèvement rebelle. Les témoins de la défense ont affirmé que ces troupes étaient alors passées sous le commandement des autorités centrafricaines.
L’accusation a eu la parole hier
pendant plus de 3h, et a rappelé en détails les atrocités décrites par les
victimes centrafricaines durant le procès : viols notamment sur mineurs,
meurtres, pillages systématiques, humiliation des civils.
Pour la Défense, la supériorité
des troupes centrafricaines, les FACA fidèles à Patassé et les rebelles de
Bozizé ont été largement actives dans les crimes commis sur les civils, et ont
été de toute évidence nettement supérieur.
Les juges, à la fin de cette
journée, vont se retirer pour rendre leur verdict.
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