22/09/2014

Yanick Lahens, sur RFI, pour la sortie de 'Bain de lune' (Sabine Wespieser éditeur)



Yanick Lahens

Yasmine Chouaki
1. Yanick Lahens
 
Yanick Lahens.DR

Yanick Lahens est née à Port-au-Prince en 1953. Elle fait ses études secondaires et supérieures en France, avant de retourner en Haïti pour enseigner la littérature à l’université d’État jusqu’en 1995.
Longtemps professeur, mais aussi journaliste – elle a collaboré à différentes revues et a animé l’émission « Entre nous » sur Radio Haïti Inter –, elle consacre aujourd’hui une grande partie de son temps au développement social et culturel de son pays.
Après avoir coordonné un temps les activités d’une plateforme de la société civile – son action a été saluée en 2007 par le Collectif féminin haïtien –, elle est désormais cofondatrice de l’Association des écrivains haïtiens, qui lutte contre l’illettrisme.
Aujourd’hui membre du Conseil international d'études francophones, elle a également fait partie du cabinet du ministre de la Culture, Raoul Peck, entre 1996 et 1997.
En 2014, elle s’est vu décerner le titre d’officier des Arts et des Lettres par l’ambassadeur de France en Haïti.
Grande figure de la littérature haïtienne – elle a reçu en 2011 le prix d’Excellence de l’Association d’études haïtiennes pour l’ensemble de son œuvre –, elle brosse sans complaisance le tableau de la réalité caribéenne dans chacun de ses livres.
En septembre 2014, elle publie Bain de lune (Sabine Wespieser éditeur), son grand roman de la terre haïtienne, fruit de plusieurs années de travail.
→ Un extrait de Bain de lune ici
→ Une interview vidéo de Yanick Lahens pour son livre La Couleur de l'aube ici
→ Un article de Libération sur la littérature haïtienne ici.

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Extrait :

1
APRÈS UNE FOLLE ÉQUIPÉE de trois jours, me voilà étendue là,
aux pieds d’un homme que je ne connais pas. Le visage à deux
doigts de ses chaussures boueuses et usées. Le nez pris dans une
puanteur qui me révulse presque. Au point de me faire oublier cet
étau de douleur autour du cou, et la meurtrissure entre les cuisses.
Difficile de me retourner. De remonter les jambes. De poser un pied
par terre avant que l’autre suive. Pour franchir la distance qui me
sépare d’Anse Bleue. Si seulement je pouvais prendre mes jambes à
mon cou. Si seulement je pouvais m’enfuir jusqu’à Anse Bleue. Pas
une fois je ne me retournerais. Pas une seule fois.
Mais je ne le peux pas. Je ne le peux plus...
Quelque chose s’est passé dans le crépuscule du premier jour de
l’ouragan. Quelque chose que je ne m’explique pas encore. Quelque
chose qui m’a rompue.

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