08/10/2014

Fellag publie un nouveau roman : « Un espoir, des espoirs » (Ed. J-C.Lattès)





« Un espoir, des espoirs »
de  Fellag

Dans un bistro du Boulevard Ménilmontant à Paris, deux hommes se croisent et discutent.
Il y a « Un », jeune homme issu de la deuxième génération d’immigrés algériens, bardé de diplômes, ambitieux. Il projette d'aller s'installer en Algérie pour y vivre et y investir.
Face à lui se trouve « Deux », un habitué du bar, sexagénaire, ancien réfugié politique. « Un » demande à « Deux » ce qu'il pense de son projet de départ pour l’Algérie.
« Deux » commence à lui raconter la longue histoire d'un type mystérieux nommé l’Espoir, qu'il a connu petit au cours des folles journées de l'Indépendance. Tout en démythifiant cette personnalité complexe, il lui parle de toutes les manipulations dont l’Espoir a été victime, quel que soit le pouvoir en place. Il lui narre les déboires subis par l’Espoir, mais aussi ses propres lâchetés, ses supercheries, ses fanfaronnades et son opportunisme.
Avec humour et tendresse, les aventures de l'Espoir incarnent cinquante ans de l'Histoire algérienne, entre ombre et lumière.
 


L'auteur



Prix Raymond Devos pour la langue française (2003), Fellag est à la fois comédien, humoriste et écrivain. Il a notamment joué dans Bashir Lazhar de Philippe Falardeau, qui lui a valu le Génie du meilleur acteur canadien (2012). Il a publié trois recueils de nouvelles et trois romans aux éditions Lattès : C’est à Alger (2002), Le Dernier Chameau et autres histoires (2004), Comment réussir un bon petit couscous (2003), Rue des petites daurades (2001), L’Allumeur de rêves berbères (2007) et enfin, illustré par Jacques Ferrandez, Le Mécano du vendredi (2010).

Auteur(s) : Fellag
Titre : Un espoir, des espoirs
Editions : JC Lattès
Collection : Romans contemporains
Date de Parution : 10/2014
Code EAN/ISBN : 9782709647724
Hachette : 1822259
Prix public : 7.50 €
Format : 120 mm x 185 mm
50 pages

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Entretien avec Ouest France :

Fellag. « Le moteur de la peur s’est remis en marche »


Écrivain, comédien et humoriste algérien, Fellag nous livre son regard sur les événements récents.

Un peu plus de dix ans après la fin de la guerre civile algérienne, un groupe terroriste local a prêté son allégeance à l’Etat islamique et a exécuté Hervé Gourdel, mercredi. Fellag, écrivain, comédien et humoriste algérien, livre son opinion sur ces derniers événements. Selon lui, la situation en Irak a rallumé une flamme que les Algériens pensaient éteinte depuis longtemps.
Entretien
Il y a vingt ans se déroulait la guerre civile algérienne. S’est-elle jamais arrêtée ?
Non, d’ailleurs la presse algérienne ne cesse de le souligner. L’Algérie a été totalement anéantie par le terrorisme dans les années 1990. Cette tragédie, qui a duré près de dix ans, a poussé 840 000 habitants à quitter le pays pour s’établir en France, en Suisse, en Allemagne… Je fais partie de ceux-là. Les gens étaient exécutés pour rien. Chaque matin, de nouveaux massacres. De 350 à 400 personnes exécutées dans un village entier, Bentalha. Des bus arrêtés, la moitié des gens tués. Il existe des milliers d’histoires comme ça. L’exécution effroyable d’Hervé Gourdel nous remet au diapason de la terreur.
Pourtant la Charte pour la paix et la réconciliation nationale a été signée en 1999…
Il y a bien eu un contrat passé entre le président Bouteflika et des groupes terroristes. Des milliers d’entre eux ont quitté le maquis, ont été pardonnés et « recyclés » dans la société. Désormais ils font des affaires, ils vivent très bien. Mais certains ne se sont jamais rendus. La plupart se sont installés en Kabylie - une région difficile d’accès et irrédentiste depuis toujours - ainsi que dans le Sahara, les Hauts Plateaux, les Aurès… Des étrangers sont partis dans ces montagnes et n’ont jamais été agressés. On pensait que c’était terminé. Ce qu’il se passe actuellement en Irak a rallumé la flamme.

Jusqu’à quel point la situation peut s’embraser ?

Le moteur de la peur a été remis en marche. L’économie du pays est sur les genoux. Les entreprises ne veulent pas investir dans des régions à risques. On ne sait pas comment va évoluer la situation globale. Nous sommes victimes de pouvoirs qui n’ont pas créé les conditions permettant d’avoir des sociétés tolérantes, ouvertes et critiques. Cela passe par le théâtre, la culture, le cinéma, la littérature… qui sont prohibés. L’école est d’une sinistrose absolue, incapable de former des citoyens. J’ai écrit Un espoir, des espoirs pour parler de cette poudre que chaque gouvernement nous jette aux yeux, et que l’on appelle l’espoir.
Que pensez-vous des rassemblements contre la barbarie ?
Il faut que les gens s’expriment. Il faut faire la part des choses. Surtout, il ne faut pas que la philosophie d’une minorité écrase les sentiments d’une majorité.
Gardez-vous espoir pour l’Algérie ?
On me le demande très souvent. C’est une question qui m’embête un peu. J’y réponds dans mon dernier livre. J’ai voulu y personnifier l’espoir. C’est une façon de l’attraper par la cravate et de le mettre face à ses responsabilités. Dire aux gens aussi de ne pas tomber dans le panneau des espoirs fabriqués de toutes pièces, d’agir par eux-mêmes. Francis Bacon disait : « L’espoir est un bon déjeuner, mais un mauvais dîner. » Nous avons eu une petite semaine de déjeuner gargantuesque à l’indépendance. Cela fait cinquante ans que nous attendons le dîner...
Fellag: Un espoir, des espoirs, JC Lattès, 7,50 €, 111 pages.

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