08/10/2014

Snapshots – Nouvelles voix du Caine Prize, Editions Zulma, article pour Toute la Culture


Snapshots – Nouvelles voix du Caine Prize
Editions Zulma
En librairie le 9 octobre 2014
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Par Mélissa Chemam



ZULMA NOUS OFFRE SIX NOUVELLES ANGLO-AFRICAINES INÉDITES


8 octobre 2014 Par Melissa Chemam 

Voilà une excellente idée qu’ont eu les éditions Zulma, publier une série de nouvelles venant d’Afrique anglophone, sélectionnées via le prisme du fameux Caine Prize, créé en hommage à Sir Michael Caine, longtemps président du Comité d’organisation du Booker Prize. Le prix a notamment pour président d’honneur les prix Nobel de littérature Wole Soyinka et J.M. Coetzee.

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Le titre du livre est celui de la nouvelle choc de NoViolet Bulawayo, jeune auteur zimbabwéenne primée en 2011 par le Caine Prize et ‘première femme africaine noire’ à figurer sur la liste du Booker Prize, le plus prestigieux prix littéraire du monde anglophone. A 33 ans, c’est déjà un gage d’intérêt assuré pour le lecteur. Mais à l’image de sa nouvelle, les textes de ce recueils sont bien plus que cela : petites révolutions stylistiques, chocs esthétiques, émotions entre deux continents, le livre n’offre que des éléments forts. Dans ‘Snapshots’, NoViolet Bulawayo ose le récit à la deuxième personne, un ‘tu’ sujet, qui interpelle mais surtout entraîne le lecteur au premier plan du récit. Voilà pour la forme. Pour le fond, en trois dizaines de pages, la jeune narratrice passe de la maison familiale à la chambre où l’entraine pour la premier fois un homme qui la déflorera, en passant entre temps par l’hôpital ou souffre son père, et les adieux de son frère et de sa sœur. Une sortie de l’enfance en bonne et due forme. Des noms, des couleurs passent, qui dessinent en filigrane une ville du Zimbabwe en pleine crise économique marquée par l’hyperinflation et la fuite des sans-avenir vers la dévorante Afrique du Sud voisine.
Parmi les autres auteurs choisis, les Nigérians figurent en bonne place dans ce recueil, sans surprise étant donné les grands noms qui ne cessent d’émerger du monde littéraire nigérian depuis deux / trois décennies, derrière le grand Chinua Achebe (1930 – 2013), et les plus jeunes Chibundu Onuzo, Chimamanda Ngozi Adichie et Teju Cole, ces deux derniers ayant été particulièrement repérés aux Etats-Unis notamment où ils ont vécu ou étudié. ‘America’ de Chinelo Okaparanta, née au Nigeria et vivant aux Etats-Unis, s’inscrit dans cette lignée cosmopolite et multiculturelle. Son récit, à l’instar du car dans lequel cahute la narratrice, nous emmène dans une histoire d’amour transatlantique, transgressive aussi. A la recherche d’un précieux visa pour l’Amérique où est partie la femme qu’elle aime, la jeune protagoniste va faire plusieurs voyages, jusqu’à Port-Harcourt certes, pour rejoindre le consulat, jusqu’aux Etats-Unis peut-être, mais aussi vers le fond de sa nature et celle de son pays, poule aux œufs d’or pétrolifère en plein évolution, à l’image du conte traditionnel émergeant de ces souvenirs d’enfance.
Suivent aussi les nouvelles d’Olufemi Terry, né en Sierra Leone en 1972 et ayant étudié à New York avant de devenir journaliste à Nairobi, et de Rotimi Babatunde, né à Lagos en 1976, auteur de pièces remarquées. Egalement traduits et édités : deux textes de Constance Myburgh, auteur et cinéaste sud-africaine née à Londres, et Tope Folarin, texan d’origine nigériane. Les biographies de ces jeunes auteurs primés apparaissent en soi comme des récits passionnants. Pas autant que leurs écrits cependant. ‘Snapshots’, grande idée d’éditeur, véritable coup littéraire et perle de traduction (saluons le travail de Sika Fakambi), ouvre une immense fenêtre sur le cœur battant de la littérature anglophone d’aujourd’hui, venant simultanément des deux côtés de l’Atlantique, d’Afrique comme d’Europe et de New York, dans un grand battement d’allers-retours et d’enrichissements mutuels. A dévorer !
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