Par AFP :
Par Antoine LAMBROSCHINI
TUNIS, 25 oct 2014 (AFP) - La Tunisie était engagée samedi dans les
derniers préparatifs pour ses premières législatives depuis la révolution de
2011, un scrutin crucial pour lequel un vaste dispositif de sécurité sera
déployé par crainte d'attaques jihadistes.
La campagne pour ces élections, qui seront suivies le 23 novembre d'une
présidentielle, a été dans l'ensemble morose --les espoirs révolutionnaires de
nombreux Tunisiens ayant été déçus-- mais pacifique.
Samedi et dimanche, les partis sont tenus au silence, si bien que leurs
derniers meetings de campagne se sont déroulés vendredi soir.
Selon les observateurs, deux partis partent favoris: les islamistes
d'Ennahda, au pouvoir de début 2012 à début 2014, et leurs principaux
détracteurs de Nidaa Tounès, une formation hétéroclite rassemblant aussi bien
des anciens opposants au dictateur déchu de Zine El Abidine Ben Ali que des
caciques de son régime.
Près de 5,3 millions d'électeurs sont convoqués aux urnes dans 33
circonscriptions afin d'élire à la proportionnelle 217 députés parmi les
quelque 1.300 listes candidates. Les Tunisiens de l'étranger votent pour leur
part depuis vendredi dans leurs pays respectifs.
Si la Tunisie fait figure aux yeux de la communauté internationale de
dernier espoir de transition démocratique réussie parmi les pays du Printemps
arabe, les autorités n'en craignent pas moins des attaques jihadistes visant à
faire dérailler les élections.
D'ailleurs, un assaut, après plus de 24 heures de siège, contre une maison
en banlieue de Tunis abritant un groupe armé s'est soldé vendredi par la mort
de six suspects, dont cinq femmes, selon la police. La veille, un gendarme
avait été tué.
- 'L'heure de vérité' -
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"J'appelle tous les Tunisiens à voter massivement car c'est un jour très
important pour l'histoire politique de la Tunisie, et à ne pas avoir peur des
menaces car les terroristes ont cet objectif d'empêcher les élections, la
création d'une démocratie, d'un Etat de droit", a martelé le ministre de la
Défense, Ghazi Jeribi.
Depuis la révolution de fin 2010 - début 2011, la Tunisie a assisté à
l'essor de groupes jihadistes, responsables d'attaques ayant tué des dizaines
de membres des forces.
Quelque 80.000 policiers et militaires doivent être déployés pour le
scrutin. Ils sont déjà présents en nombre à travers tout le pays depuis une
semaine.
Le Premier ministre Mehdi Jomaa, les ministres de l'Intérieur et de la
Défense et le président de l'instance organisant les élections (ISIE), Chafik
Sarsar, inspectaient samedi matin dans la région de Nabeul (nord) des bureaux
de vote, des postes de police et un centre de stockage des urnes.
"Ce qui est important", "c'est de (...) voir les dernières (mesures) mises
en place pour la sécurité, les préparatifs pour la grande journée, l'heure de
vérité", a déclaré à l'AFP M. Sarsar.
L'ISIE a précisé qu'elle ne serait probablement pas en mesure d'annoncer
les résultats dans la nuit de dimanche à lundi, alors qu'elle a jusqu'au 30
octobre pour faire état de la composition du nouveau Parlement. Les partis en
lice peuvent néanmoins publier plus tôt des résultats de leur décompte des
voix, le dépouillement étant public.
- Parlement fragmenté? -
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Le mode de scrutin -- la proportionnelle au plus fort reste-- favorisant
les petites formations, les principales forces politiques ont d'ores et déjà
souligné qu'aucun parti ne sera à même de gouverner seul.
"Je crois que le Parlement sera fragmenté", reconnaît Mohsen Marzouk, un
des dirigeants de Nidaa Tounès qui prévoit qu'Ennahda et son parti se partagent
quelque 150 sièges, les autres revenant à une kyrielle de petites formations
avec lesquelles des négociations pour former une coalition de gouvernement
devront avoir lieu.
Reste aussi l'inconnu de la participation, nombre de Tunisiens se disant
désabusés par les batailles politiciennes qui ont retardé de deux ans ces
élections.
Ennahda, qui a dû quitter le pouvoir début 2014 à l'issue d'une année 2013
marquée par une crise politique, l'assassinat de deux de ses opposants et des
attaques jihadistes, a assuré vouloir former un cabinet consensuel, se disant
même prêt à une alliance de circonstance avec Nidaa Tounès.
Le grand parti séculier, qui fait campagne en se posant en unique
alternative à Ennahda, régulièrement qualifié de groupe obscurantiste et
antidémocratique, prévoit aussi en cas de victoire de former une coalition et
n'a pas entièrement fermé la porte à une collaboration avec les islamistes.
ak-alf/cco
AFP 251012 GMT OCT 14
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